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samedi 14 août 2021

La fête des gens heureux

 


La fête des « gens heureux » est une épreuve terminée. Hier soir, Il y avait un monde fou dans l’appartement à côté, Génia et sa petite amie, un couple de folkloristes et leur gamine turbulente qui menaçait de tout casser, un jeune homme, une jeune femme, Katia, Ira, bien sûr. J’ai un tel besoin d’être un peu tranquille que je me sentais complètement hébétée. Ils ont chanté, moi aussi, mais je n’étais pas à ce que je faisais.

Le matin, je me demandais comment j’allais affronter la journée. La cuisine est sens dessus dessous. Les poires et les concombres menacent de pourrir, le jardin retourne à l’état sauvage, et il est si détrempé que je ne peux pas le tondre. Moustachon m’a dès l’aube réveillée en fanfare en m’apportant un oiseau qu’il a lâché sous le lit. J’ai pu sauver le pauvre animal.

La fête avait lieu derrière le village de Gorodichtché dont on devine qu’il a dû être d’une beauté fantastique, mais de nombreuses villas "mon rêve" de moscovites ou de locaux enrichis ont considérablement cassé l’atmosphère. Il domine le lac de sa belle église blanche à cinq coupoles bleues. Et je le contemplais, ce lac, dans le vacarme d’une sono qui diffusait, comme bien souvent, de la merde.

C’est moi qui devais ouvrir le concert, où sont venus se produire des tas de gens, les uns après les autres. Avec les micros, la sono, les badauds, les étals d’artisanat ou de produits fermiers. Une bonne femme m’a présentée comme quelqu’un de positivement extraordinaire, la Française férue de folklore venue s’installer ici. J’étais poursuivie par la trouille irrationnelle qu’un affreux type qui m’injurie sur les sites de Pereslavl, et injurie également tous ceux qui défendent le lac et les derniers endroits pittoresques du coin, vînt faire du scandale, ce qui, évidemment, ne s’est pas produit. D’ailleurs, une fois  sur cette scène, je n’y ai plus pensé. J’ai chanté mes deux chansons cosaques marrantes, aux gousli, et une complainte bretonne, à la vielle à roue, « la Vierge et saint Jean-Baptise », car c’est le carême de la Dormition qui commence. Je ne dis pas que j’ai été acclamée par des foules en délire, car la foule était partout occupée à choisir des fromages ou à acheter des jouets ou des céramiques, mais j’ai fait ma petite impression, pas mal de gens sont ensuite venus me trouver. Je me suis cependant promis de ne plus m’embarquer dans ce genre de galère. Les soirées - au café français, ou chez moi, ou dans d’autres endroits plus intimes. C’est trop fatigant, tout ça. Et puis quand j’ai écouté Génia et compagnie qui ont pris ma suite, je me suis rendu compte que la sono et le folklore n’allaient pas ensemble, c’était terriblement bruyant. Ceux qui sont passés ensuite donnaient nettement dans la « culture de kolkhose ».


Génia, Katia et leurs amis

Une dame m’a abordée, elle s’appelle Ioulia, et elle est guide à Moscou. Elle a fait un jeu « Alexandre Nevski », pour les enfants, qu'elle m'a offert, et en ferait bien un « Ivan le Terrible », car elle s’occupe également de l’école du dimanche de sa paroisse, et du reste, son jeu, je l’avais vu dans la mienne, de paroisse. Elle attend la sortie de Yarilo avec impatience. Je ne sais pas comment elle en a entendu parler, mais du coup, je me dis qu’il aura peut-être plus de retentissement qu’en France, il pourrait d’ailleurs difficilement en avoir moins...

Elle m’a dit qu’elle ne savait pas comment parler d’Ivan le Terrible pendant ses excursions, et je lui ai avoué que moi-même, je redoutais les réactions. «S’il avait été entièrement mauvais, a-t-elle ajouté, il n’aurait pas laissé le pays plus grand et plus puissant qu’il ne l’a trouvé ».

J‘ai ensuite rencontré dans un stand Anastassia, qui s’occupe du centre culturel « the Place », à Rostov. Elle était avec une charmante céramiste qui, à 50 ans, a décidé qu’elle ne perdrait pas davantage sa vie à la gagner dans la publicité, et elle a quitté Moscou pour la province et l’aventure créatrice. Anastassia serait prête à organiser une présentation de Yarilo quand il sortira. Nous avons vu le père Pantaleimon, higoumène du monastère saint Daniel, et il a acheté une belle icône en bois sculpté de saint Georges, que j’aurais prise, s’il ne s’était pas décidé, et cela n’aurait pas été très raisonnable. Je suis contente qu’elle soit revenue au père Pantaleimon. « Qu’il est beau garçon, cet homme, nous dit ensuite une dame présente, est-ce qu’il est vraiment tout à fait moine ? Même sa barbe n’arrive pas à le défigurer !

- Ah oui, il est même higoumène !

- Il est bien jeune pour être higoumène...

- Notre évêque aussi, est jeune. Ils sont tous les deux très intelligents.

- Ca se voit !»

Anastassia et la céramiste prétendaient qu’ici, c’était la dictature, je leur ai dit : « Regardez, nous sommes là, détendues, sans masque, sans passe sanitaire, nous avons une vie normale, en France, c’est la maison de fous en permanence, les gens vont bientôt perdre leur travail sans indemnités s’ils ne montrent pas leur pass vaccinal, ils ne peuvent aller nulle part, on leur prend des amendes monstrueuses, et certains font même de la prison. Je les vois tous se promener avec leur couche culotte sur la figure, regardez autour de nous, vous en voyez, des muselières ?»

J’étais complètement ahurie. J’aurais grand besoin de solitude, de paix, de quelques jours sans sollicitations ni obligations, ni invitations.

mercredi 11 août 2021

Les temps sont courts

 


Submergée par les poires, je n'ai plus le temps de rien faire, il en tombe autant que j'en ramasse; j'en distribue à tout le monde, je sèche, cuit, pèle, confit, et il faut aussi nettoyer la maison, qui ne ressemble à rien, entre les chats et les poires. Et entretenir le jardin. Et saler les concombres que m'a donnés Nadia la chevrière. Qui plus est, je suis harcelée de tous les côtés par des obligations, des entrevues, et j'ai du mal à organiser ce qu'il me reste de temps, à canaliser ce qu'il me reste de forces. Je traduis Parthène, parce que Natacha a besoin d'argent, et que mieux vaut faire les deux livres avec la même personne. Je traduis Epitaphe, parce que mon éditeur s'y est attelé et ne me lâche plus, c'est passionnant mais très long et très fatigant. Je fais de la musique pour ne pas perdre la main, et pour me reposer l'âme, heureusement, si je puis dire, Skountsev a de la tension et ne peut me donner de leçons. Je vais aux cours de balalaïka pour soutenir l'apprentissage de mon petit voisin Aliocha. Je tiens ma chronique, enfin j'essaie. Je n'arrive pas à écrire la suite de mes souvenirs d'enfance, ni à entreprendre de mettre de l'ordre dans mes journaux intimes; et j'ai cette impression constante que le temps presse, d'une part parce que je prends de l'âge et d'autre part, parce que l'ombre de Mordor gagne toute la terre. 

Hier, de façon impromptue, Olga et Oleg m’ont invitée avec deux moniales de Zadonsk. Je n’avais pas trop envie d’y aller, bien que Olga et Oleg fussent des gens très agréables, intelligents, et je ne les avais pas vus depuis longtemps. Je n’avais pas envie de parler avec des moniales de sujets élevés. Je n'avais même pas envie de parler du tout.

Elles étaient tout à fait adorables, la mère Dorothée et la mère Alexia. Elles ont raconté toutes sortes de miracles, enfin surtout la mère Dorothée, parce que la mère Alexia, en face de moi, priait profondément. Sa cordelette de prières filait entre ses doigts, et son visage aux yeux clos était imprégné d’une paix et d’une béatitude qui me fascinaient. Je racontais ma ma vie. Brusquement, la mère Alexia sort de son état de béatitude silencieuse et me dit : « Beaucoup trop de gens profitent de vous»

Elle a commencé à s’agiter, et elle a déclaré que nous devions aller absolument au monastère voisin de saint Nicolas, pour recevoir l’onction, au lieu de rester à bavarder sur une terrasse. Et je n’en avais pas envie, mais la mère Alexia était visiblement persuadée qu’elle devait jouer pour moi le rôle d’ange gardien.Yann Sotty, qui avait tourné avec moi l’émission « Davaï », était de passage à Pereslavl, il voulait me voir et me remettre de petits cadeaux. La mère Alexia, inflexible, pensait que l’église était plus importante que le Français. Et nous voilà parties, les deux moniales, Olga et moi. La mère Alexia ne me lâchait pas le bras, et avec un sourire maternel, m’expliquait qu’il fallait que ma religion devint plus intérieure, qu’il me fallait m’occuper de mon âme, car les temps étaient courts, et ne pas perdre mes forces avec toutes sortes de gens. Arrivées au monastère, elle m’a traînée jusqu’à l’higoumène, m’assurant qu’elle était très bonne et que je devais lui parler, mais si je veux bien aller exposer mes problèmes spirituels à quelqu’un, mon choix ne se porterait pas forcément sur l’higoumène de saint Nicolas. On m’a d’ailleurs déjà fait le coup avec l’higoumène de saint Nicétas. Et je me suis retrouvée à bafouiller des stupidités sans savoir comment m’en sortir.

La mère Alexia ne m’a pas lâchée avant que le prêtre ne m’eût tracé le signe de croix sur le front. « Maintenant, me dit-elle, tout va aller très bien ». Je suis allée retrouver Yann Sotty, sa famille, son nouveau-né, et les cadeaux, qui auraient dû m’être remis lors du tournage, des objets RT, tasse RT, parapluie RT, chope RT, plaid et coussin RT... joli design, d’ailleurs. Je lui ai fait part des compliments qu’on m’a fait sur son émission, sur lui, sur la façon dont tout cela a été tourné.

La mère Alexia n’a pas tort. Je ne m’occupe pas assez de mon âme, je me laisse submerger par toutes sortes de mondanités et d’obligations. Pourtant, aller tout le temps à l’église, je n’en éprouve pas le besoin non plus. J’en discutais avec mon éditeur, Slava, qui lui non plus, ne me lâche pas. Il a passé dix jours près d’un grand lac, et me dit qu’en barque sur ce lac, il avait davantage le sentiment du divin qu’à l’église mais que cependant, s’il n’allait pas à l’église, ne se confessait pas et ne communiait pas, il se sentait sale et déprimé. C’est exactement mon cas.

Pour ce qui est des gens qui profitent de moi ou me harcèlent, pour m’inviter, me rencontrer, me faire rencontrer quelqu’un, il faut quand même voir que certains d’entre eux me donnent une contrepartie importante. Skountsev est un très grand emmerdeur, et quand j’ai dit au conservateur du musée Krioukov que je prenais des cours online avec lui, parce qu’au début de la covid, il avait beaucoup de temps et pas d’argent, il m’a objecté sereinement : «Que Skountsev reste sans argent, excusez-moi, mais je ne crois pas cela possible...

- En effet, à ce moment-là, il a trouvé le mien ! Cependant, il m’a tellement appris, et sans lui, je en serais pas venue ici, je n’aurais pas vu tout cela, le Don, la rivière Khapior et votre musée ! »

J’ai eu une fois dans ma vie une intense expérience spirituelle qui s’est prolongée plusieurs jours. Mais je n’arrive pas à me trouver dans un perpétuel état de grâce. Parfois, quand je prie, j’éprouve du réconfort ou une certaine plénitude, je pleure beaucoup, aussi, surtout en ce moment, avec ce qui nous arrive à tous, le monde qu’on nous fait me fait vraiment horreur, ainsi que la vilenie et la fourberie de ceux qui nous l’imposent, la stupidité programmée de leurs troupes de mougeons hagards. Je pleure sur nous tous, sur les gens qui n’ont pas une lueur dans leur vie, sur ceux qui sont morts et qui me manquent, et sur ce qui nous attend probablement.. Parfois je n’ai pas le temps de prier, pas la disposition d’esprit, j’essaie, comme mon amie Dany, de garder au moins ma veilleuse allumée. Mais j’assume d’être avant tout quelqu’un de créateur et n’ai pas envie de me violenter pour me transformer en moniale.

Cependant, je ressens qu’il y a des stades à franchir, même en restant une créatrice solitaire, je stagne. J’aurais tendance à confier cela à Dieu. Il saura bien me les faire franchir, ces stades. Le père Placide, tout comme l’higoumène de Simonos Petra, disait qu’on ne pouvait rien faire par nous-mêmes, sinon consentir...

...



En France, pour savoir d’où vient la dictature, et dans le monde, pour savoir où nous entraîne l’opération covid, il suffit de regarder le scandale provoqué par une affiche qui se contente d’énumérer des noms. Tous impliqués dans cette opération et dans beaucoup d’autres affaires et manipulations grandioses et malfaisantes. Cette affiche provoque chez une certaine mafia les mêmes réflexes que la révélation par Soljénitsyne des vrais noms des principaux bourreaux bolcheviques. Et cette réaction est en elle-même un aveu. Pourtant, si il existe une mafia italienne ou tchetchène, il ne vient à l'idée de personne de hurler à l'anti italianisme quand l'on considère Al Capone comme un bandit...

Cependant, tous les représentants de cette communauté ne sont pas les complices de cette mafia. Ecoutez ce qu’expose le docteur Zelenko, avant que cette vidéo ne soit supprimée par la bande en question et ses « connards laquais », selon une heureuse expression que j’ai vue passer sur facebook. Ecoutez-le bien. Il n’est pas le seul à le dire. Et c’est la terrible vérité. Les temps sont courts.

https://www.facebook.com/marie.bars.7/posts/4396223833763402?__cft__[0]=AZUW5B2NvKKfgu0uDSBWvaTlmA-JlCd2geYFA_JpwMHNYZRxVHcn4nlcdAh0a0Dxzz6kM-VzpNKMG3AB5nrYCQlS8PU5rmZWbNjgR0PZwkJpJcIvkgve_38OepaVAnDLpqQsQ5F7mcfS2Jr3AEySxweT&__tn__=R]-R

https://odysee.com/@LeLibrePenseur.org:2/dr-zelenko:a?fbclid=IwAR1txchKdFz9mCd-k8WctHYxYOlE1894c4L3pu_tApKJ_VrFTHa-Oa3WKlA

dimanche 8 août 2021

Terpila

 


J'ai quitté le plein été torride du Don pour une sorte de pré automne. Il pleut à verse, et mon jardin est détrempé, résultat des terrassements du voisin, qui a vaguement consolidé son tuyau et fait tout son possible pour reconquérir mes bonnes grâces, parce que ma froideur le perturbe. Des milliers de poires dégringolent de mes arbres surmenés qui ont pourtant bien du mal à survivre. Je suis constemment en train de les ramasser, peler, cuire et sécher. 

Je pense souvent à mon récent voyage, à tous ceux que j'ai rencontrés, à Kolia le taulier, torse nu sur sa terrasse, avec ses pétunias, ses luminaires kitsch, ses clientes coquettes en robe de chambre, pareilles à de gros ballons souriants, prêts à s'envoler dans les airs, au bout d'une ficelle; à son pote le tatar Islam, beurré comme un petit lu. A ce cosaque à longue barbe grise, un anneau dans l'oreille, qui déambulait dans les bois en slip de bain jaune et vert avec une casquette d'uniforme sur la tête. Je revois la rivière Khapior, ses eaux douces et rapides, pleines de la lumière froissée des nuages brûlants, les chevaux qui s'y baignaient.avec les enfants, tandis que résonnaient des chants lyriques et virils. Le ciel nocturne si profondément noir, avec ses étoiles si nettes et brillantes, et si nombreuses. J'étais complètement dépaysée, là bas, et pourtant, j'y retrouvais quelque chose de familier, de méridional, avec une sorte de dinguerie slave joviale, le mauvais goût y prenait des accents felliniens, plus modeste que par ici, mais encore plus décomplexé, et tout cela au sein de cette steppe aride et illimitée, sous sa fourrure odorante de chardons, de fenouil et d'absinthe amère, soyeuse et argentée. Avec ce qui se passe en France, et qu'on cherche sournoisement à implanter en Russie, j'avais besoin de cette consolation. Chaque fois que je découvre une région de cet immense pays, l'envie me vient de déménager, la province russe me fascine et me donne une impression de liberté et de sécurité. Quelles que soient les séquelles du soviétisme, il s'y conserve quelque chose de vivant, de normal, et je dirais de résistant. Beaucoup de gens ne voient pas de mal à se faire vacciner, car ils restent dans l'idée que c'est pour le bien des populations, comme au temps de l'Union soviétique, quand personne ne se faisait des profits mafieux sur la santé des gens. Mais pour ce qui est de la suite du programme, les QR code et la dictature électronique mondiale, je pense que ce sera plus dur, je ne sens pas toute cette humanité très humaine, très anarchique, très capricieuse, incorrigiblement lyrique et follement idéaliste, prête à entrer dans le transhumanisme futuriste. A moins  de recourir à des procédés trotskystes de massacres à grande échelle. Je suis persuadée que le Don ne diffère pas beaucoup du Donbass, pour ce qui est de la mentalité. Tous les poteaux électriques sont bagués aux couleurs du drapeau russe. Une banderole, en travers de la rue principale de Koulmyjenskaïa proclame: "Rien ne nous est plus cher que notre pays natal..."

En face de la propagande hypnotique de la télé, on recourt ici aussi au discours sur la "théorie du complot" afin de discréditer ceux qui n'avalent pas cette bouillie à la louche. C'est surprenant, voici qu'au XXI° siècle, nous avons pour la première fois de l'histoire, des classes dirigeantes irréprochables qui ne complotent jamais, et des administrés ingrats qui voient le mal partout. Les romans historiques sont pleins des complots du passé, le XX° siècle nous a gavés de financiers retors, de politiciens pourris, d'idéologues tarés et sanguinaires et de savants fous, mais nous sommes invités à croire que le même genre de population, aujourd'hui, ne se soucie que de notre bien, et que le mettre en doute n'est pas raisonnable... Cette caste a pourtant plus de moyens de nuire qu'elle n'en a jamais eu, de sorte qu'on ne sait même pas comment se défendre, dans la guerre qu'elle nous fait. Le docteur Fouché nous présente ici quelques propositions:

 https://rumble.com/vksflu-louis-fouch-4-aout-2021.html?fbclid=IwAR1SyKNXVFt-PkW6W3Ow9FiWWCxmRtjZZzhrlhnfIwsPWnon5Fc1Yyl-O24

 A l'église, ce matin, le père Andreï nous a fait un sermon intéressant, à propos d'un nouveau mot à la mode, terpila, conçu d'après le mot terpenie, patience. Ce mot, dit-il envahit toutes les bouches. Il signifie un être dont on peut faire ce qu'on veut, le tondre et l'exploiter sans qu'il réagisse, et il est plein de mépris, un peu comme chez nous les sans-dents ou les mougeons. Mais, nous explique-t-il, c'est que la société nouvelle qu'on cherche à installer n'est pas seulement indifférente au christianisme, elle lui est profondément antagoniste. C'est une société de prédateurs impatients qui ne connaissent pas de frein à leur avidité. Antagoniste au christianisme et également à la Russie, dont la patience était la vertu principale, patience d'Alexandre Nevsky, par exemple, glorieux chef de guerre qui, pour le salut de son pays, allait trouver le khan mongol et s'humilier devant lui. Et cela m'a rappelé une vidéo de l'avocat DiVizio "en marche vers l'enfer", sur la société "en marche", dont l'avènement a été inauguré par le parti "en marche" du satrape Macron. Une société où ceux qui ne peuvent pas marcher sont laissés pour compte, achevés, voire exterminés. Une vidéo rapidement supprimée de youtube avec la chaîne de l'avocat, ce qui me prouve que c'est bien là le programme des mutants du nouvel ordre mondial qui essaient de prendre le pouvoir universel. Au XIX° siècle, Jack London décrivait les misérables sans logis de Londres, contraints de marcher sans trêve, car ils n'avaient le droit ni de s'asseoir ni de s'étendre, ni même de s'arrêter. 

 https://odysee.com/@DiVizio:2/en-marche-vers-l%E2%80%99enfer:d?r=AJxNFrm3sD6g74HKCJUZqhLYnVrMJUYx&fbclid=IwAR1c4bp4lf1913mMB4pDLC-E94-tJjS8d4yOjiuB8oCHkWwEwueiu8q1T

Mais il convient de voler autant que faire se peut de beaux moments de vie à la nuit qui vient.





dimanche 1 août 2021

Avant l'avènement des gnomes

 


Après une dernière soirée à la rivière Khapior, je suis rentrée de nuit, par la piste, à la  stanitsa. L'air sentait l'absinthe, il soufflait un vent puissant et tiède, il avait soufflé toute la soirée, pendant que chantaient les cosaques dans l'obscurité croissante. Une des responsables de la manifestation voulait absolument brancher une sono "pour les jeunes", Skountsev s'y est opposé à juste titre. Car pour les jeunes il était justement extrêmement important d'apprendre à écouter et de sortir de l'univers du vacarme et du faux-semblant. 

La nuit est très noire dans le Don, avec des étoiles très vives, mais des nuages les cachaient en partie. Il en traînait de grosses et presque dorées, dans les ténèbres que des éclairs de chaleur hantaient de brusques déploiements vacillants, une danse enflammée de séraphins tout à tour invisibles et révélés.

Le lendemain, je devais repartir pour Moscou avec Sergueï le militaire et sa jeune femme Sacha, et puis un autre jeune homme arrivé au dernier moment, mais toute cette compagnie changeait sans arrêt d'avis. Il paraît que c'est un trait des cosaques, nous sommes comme ça, nous sommes spontanés. On est sans arrêt en train de les attendre, on ne sait jamais ce qu'ils vont faire. Mais ils font preuve d'un grand charme, distribuant câlins et sourires désarmants.

Skountsev en est un exemple extrême, qui épuise même ses compatriotes. Il est, comme on dit, pour l'utilisation des compétences. Avant le départ, il a fallu faire le taxi pour lui, et comme il restait quelques jours de plus, rapporter à sa femme des bagages qui pesaient un âne mort, et que si son ascenseur avait été à nouveau en panne, ni elle ni moi n'eussions pu transporter au dixième étage!

Afin d'avoir la paix pendant qu'il promenait le maître et installait ses bagages dans notre coffre, Serioja, le militaire du Kremlin, qui s'était décidé finalement à rentrer avec moi, m'avait laissée au musée Fiodor Krioukov, grand écrivain cosaque qui était originaire de la stanitsa de Skountsev. Moyennant quoi, je ne sais ce qu'il est advenu; dans la bagarre, du sac où j'avais mis la bouffe de la chienne, la botte d'absinthe que j'étais si heureuse d'avoir cueillie, et le bocal de boeuf en conserve maison qu'on m'avait offert au camp.Le conservateur était ravi de tomber sur une Française passionnée par les cosaques et m'a interrogée sur mon itinéraire. Je lui ai pris, à sa grande joie, les oeuvres complètes du grand homme local. Il m'a donné sa carte en me suppliant de revenir. Mon taulier Kolia, de son côté, m'a dit qu'il m'attendait l'année prochaine. 

En quittant sa rue, j'ai aperçu à nouveau la bignonne et ses trompettes oranges. J'ai conduit tant qu'il faisait jour et le Don m'a offert pour mon départ un soleil  chatoyant, presque rose, pris dans des vapeurs à la fois colossales et légères, bouclées, translucides, violettes au dessus d'immenses champs de tournesols d'un jaune intense et gras, avec les brûlures circulaires de leurs centres bruns. Ce pays m'apportait des éléments du mien, de mon midi français, dans un ensemble pourtant absolument dépaysant qui sent déjà la Grèce et la Turquie, et aussi l'Asie géante, béante qui s'étend d'ici jusqu'à la Chine. La végétation aride n'est cependant pas vraiment méditerranéenne, car si la mer n'est pas encore si loin, aucune chaîne de montagne ne vient faire obstacle au souffle énorme de l'arctique. Les hivers sont très froids, plus brefs que dans le nord, mais très froids, et les étés torrides. Je pensais aux souvenirs d'une Française, qui avait visité le sud de la Russie avec son mari vers 1850. Elle disait qu'elle avait l'impression de rêver, d'être dans une sorte de conte hallucinant, et évoquait un jeune cosaque de son escorte, qu'elle avait vu jouer avec un aigle. J'imagine bien, car dans ce même pays, pourtant dénaturé par la modernité, je ressentais quelque chose de comparable. La rivière Khapior, les falaises en moins, me rappelait l'Ardèche des années 50, par son aspect désert et sauvage, son cours capricieux. Les cris des enfants, ou les chants des adultes, ne me gênaient pas dans ma contemplation, alors que la radio me révulse. Je m'éloignais contre le vif courant, sur ce sol de sable doux et meuble, et je regardais le ciel reflété dans ces eaux lisses. La lumière froissée, et le soleil qui s'y berçait, dans un halo doré, ne me blessaient pas les yeux et révélaient des formes qui me restaient indiscernables, quand elles ne m'étaient pas traduites par ce miroir magique.

Le jeune cosaque dernièrement arrivé me parlait de son pays avec lyrisme, ce n'est pas un hasard si le Donbass résiste avec tant d'héroisme, il me semble d'ailleurs davantage le prolongement du Don que de l'Ukraine, mais j'ai fait très plaisir au conservateur du musée Krioukov en lui disant: "Vous savez, pour moi, les Grands Russiens, les Ukrainiens, les Biélorusses et les Cosaques, ce sont juste différentes sortes de Russes, et je crois que c'est Dostoievski qui disait avec raison que rien n'est pire que des Russes qui rejettent leur russité." Ce garçon me suggérait d'aller sur les bords de la mer d'Azov, que j'imaginais comme une sorte de lac salé, mais pas du tout, il m'en vantait les vagues magnifiques, les paysages arides et les champs de lavande...

Sérioja a pris le volant à la nuit tombée, mais en cours de route, il m'a demandé de le remplacer une heure, et je me suis aperçue que ma voiture éclairait bien peu la route en position de code. Lui aussi s'en était aperçu, mais il est jeune, et cela ne le gênait pas trop. A un moment, j'ai été suivie par une voiture de police tonitruante, et je me mettais sur le côté pour la laisser passer, or elle me poursuivait. "Pourquoi ne vous arrêtez-vous pas quand on vous suit? 

- Mais je croyais que vous vouliez juste me dépasser parce que vous étiez pressés...

- Et le geste de notre chef, pour vous faire garer sur le bas côté?

- Je n'ai pas vu le geste. Le chef non plus.

- Madame, il faut vous faire remplacer, vous êtes fatiguée. Votre vigilance en souffre...

- Oui, c'est vrai mais justement, mon équipier va prendre la suite..."

Pour être honnête, la femme de Sérioja n'avait pas vu non plus l'officier nous faire ce geste. Et  je ne sais d'ailleurs même pas pourquoi il l'a fait. Mais ils ont été très gentils, ces flics, ils ont le respect des grands-mères. En réalité, jusqu'à la tombée de la nuit, Sérioja était bluffé par ma façon de conduire, il me donnait même quelques avis, à la fois admiratifs et goguenards. Cela me rappelait certains retours de concerts où les cosaques me surnommaient Schumacher et disaient à Micha, qui avait la conduite agricole: "Donne le volant à Laura, sinon, on n'arrivera jamais..." 



Je réfléchissais, pendant ce voyage, à ce qui m'attirait particulièrement chez ces sacrés cosaques, chiants, machos et complètement dingues, et leur merveilleux folklore. C'est un mélange de gravité et de malice goguenarde, de sauvagerie et de douceur, de noblesse, d'insolence, de vitalité, le culte de la bravoure, l'amour de la nostalgie et du rêve, le lyrisme, la folle générosité, toutes choses que la modernité abhorre, qu'elle tourne en dérision et qu'elle persécute. Un petit garçon est venu avec une sorte de fierté très sérieuse demander à Skountsev s'il pouvait se servir de son accordéon. Tous les gosses que je voyais dans ce camp, même si leurs parents sont dispersés loin de leurs terres ancestrales, grandissent à la lumière de ce soleil sauvegardé, entre un père barbu ou moustachu, et une mère qui, sans être effacée, tient son rôle, ils apprennent à se battre et à rêver, à admirer et à aimer, à faire éventuellement le sacrifice de leur vie; ils apprennent à être des hommes au sens où on l'entendait autrefois, avant l'avènement des gnomes.




jeudi 29 juillet 2021

Khapior

 


J'ai recommence à faire le taxi pour Skountsev, mais cette fois, il m'a dit de le laisser dans le village de sa mère et d'aller dessiner l'église du village d'à côté, ce que j'avais déjà fait, le premier jour, pendant qu'il était au cimetière. J'ai trouvé un chêne qui faisait une large flaque d'ombre, et j'ai pique-nique tranquillement avec Rita. Il y avait de l'air, et je me sentais merveilleusement bien, dans le parfum de l'absinthe, dont j'ai cueilli un bouquet, car elle a toutes sortes de vertus et protège même de la covid, d'après madame Skountsev. Le village n'a rien de spectaculaire, il reste quelques jolies maisons traditionnelles, malgré le mauvais goût qui ronge  tout le reste, mais l'église était inspirante. Skountsev à participé à sa restauration. On a activement dynamite les églises dans le cadre de la decosaquisation, bien aussi féroce que la dekoulakisation.... On y voit errer et pâturer le long des rues non des vaches ou des chèvres mais des chevaux. 


Quand je suis allée chercher Skountsev, son frère est venu me saluer. Alcoolique perdu et misérable, il a dû être très beau et cela se voit encore. Il me regardait avec un mélange de détresse et d'émerveillement nostalgique et humble. Skountsev m'a dit qu'il me trouvait belle et jeune, qu'il ne m'aurait jamais donné mon âge, et cela m'a serré le cœur.

Je ne trouvais pas mon chemin et j'ai demandé à une vieille qui m'a soutire de l'argent mais ne m'a pas aidée, car elle ne voyait pas de quelle rue je voulais parler, or quand je l'ai finalement trouvée, je l'ai vue qui l'arpentait et me faisait de joyeux signes de la main. Skountsev me dit qu'elle perd la tête. Mais pas le sens des affaires !

Il m'a expliqué qu'il avait tenté le retour à la terre, avec sa femme, dans cette même stanitsa. Ils avaient de magnifiques légumes, la terre est fertile et le climat clément. Mais il ne savait pas les vendre et dans sa spécialité de musicien ethnographe ne trouvait pas de travail. Le problème quand on quitte la terre, c'est que le retour est très difficile. Les liens sont rompus avec la tradition, avec la communauté villageoise. La vie paysanne est impossible sans la communauté qui va avec, familiale et élargie, cette communauté dont le folklore est le reflet, car il servait à la cimenter, c'était un moyen de communication, et aussi d'affirmation de soi au sein du groupe qui évitait l'ennui et la dévalorisation de ces adolescents qui ne savent pas que faire d'eux-mêmes et sont facilement intoxiqués par la médiocrité clinquante de la télévision. 

Après tout cela, nous avons repris la piste vers le camp cosaque de la rivière Khapior. Je suis allée me baigner. Je ne me lasse pas de cette eau douce et rapide, de ces vagues de sable sous mes pieds, des berges foisonnante qui laissent vite la place, des que l'haleine vivifiante du cours d'eau n'a plus d'influence, à la steppe aride de la colline du conseil. Les cosaques y baignent leurs chevaux, comme dans l'ancien temps. Beaucoup d'entre eux ne vivent plus, comme Skountsev, sur les terres ancestrales, mais le folklore leur rend leurs racines et leur communauté culturelle.



L'autre jour, nous avons vu glisser, sur les eaux crepusculaires, un radeau, avec le drapeau cosaque et celui de la flotte russe, et puis un brasier qui mettait dans la grisaille une éclatante floraison. 

Un ensemble cosaque devait venir se produire mais tout à été annulé, y compris la fête finale au stade de Koumyljenskaia. Pour cause de covid, car l'offensive vaccinale essaie de battre son plein, et si les gens sont moins perméables à la propagande, ils ne voient pas toujours non plus le problème ni la différence avec le vaccin contre le tétanos. 

Du coup, nous avons fait la fête entre nous, mais avec une étoile comme Skountsev et la présence des représentants du folklore local, ce n'était pas plus mal. Ils ont merveilleusement chanté et dansé, entraînant les jeunes du camp, les enfants. 



mardi 27 juillet 2021

Bouclier d'or.

 La manifestation à laquelle je me suis rendue, sur la rivière Khapior, s'appelle le Bouclier d'or et rassemble des Cosaques enthousiastes avec de bonnes gueules, de grandes barbes et de grosses moustaches.


Nous avons fait escale dans la ville de Elets, que nous avons visitée à toute vitesse et qui mériterait un séjour prolongé. Elle est très bien conservée, en partie grâce aux efforts d'un ami de Skountsev qui en était l'architecte conseil et qui, contrairement à ceux de Pereslavl, faisait son travail avec zèle, car il adore sa ville. Elle date presque entièrement du XVIII et du XIX siècle, avec des éléments art nouveau, une étrange russification du tout, un charme fantasque, paisible, poétique, et comme pas mal de villes provinciales de marchands, elle laisse une impression de douceur de vivre nonchalante qui ne cadre pas du tout avec tout ce qu'on raconte de la Russie de ces époques. 

 

Skountsev avait décidé de passer en vitesse chez un ami, Aliocha, grand cosaque baraque à moustache de rigueur, pour aller faire pipi, mais il était quand même difficile de repartir sans lui accorder un peu d'attention, surtout qu'il était terriblement sympathique et jouait remarquablement de l'accordéon. Il avait en plus des chaises art nouveau confectionnées par son père, de toute beauté. De vastes connaissances historiques, et aussi artistiques. Il travaille le cuir, fait des bottes cosaques, des carquois, des sacoches, des reconstitutions de costumes historiques. 



Serioja le chauffeur, qui s'occupe de la sécurité au Kremlin, chez "notre petit père le tsar", était très pressé d'arriver, et peu enclin à s'arrêter en route. Or de Elets jusqu'à la stanitsa de Koulmijenskaia, il y a 700 km. Il préfère ouvrir les fenêtres que de mettre la clim. La chienne et moi étions complètement abruties par la chaleur et le bruit. De temps en temps nous avions des chansons cosaques qui montaient au milieu du fracas des camions. Et Skountsev dansant "mon herbe, mon herbe verte" sur la pelouse d'une station service.... 

Je suis dans une sorte de chambre d'hôtes tenue par Kolia, un type de 45 ans au crâne rase qui s'occupe de moi comme si j'étais sa propre mère. Il trouve extraordinaire qu'une femme de mon âge se soit lancée dans une telle expédition, alors que tant de vieux ne font plus rien et se laissent mourir. L'ambiance chez lui et dans la stanitsa me rappelle à la fois Fellini et Kusturica. Les gens sont d'un naturel goguenard absolument sans complexes. Cela sent le sud, un sud particulier. J'ai même vu une bignonne sur une palissade, cela ne m'était pas arrivé depuis deux ans. On vit dehors, sous des terrasses couvertes. Avec moi, ici, il y avait une grosse femme de Moscou qui faisait la coquette en robe de chambre avec un gars du coin, et hier une autre Venus du même genre, et puis un chauffeur de camion Tatar bourré qui m'accablait de compliments et dont Kola m'a avertie que je n'avais rien à craindre de lui car il veillait au grain. Il n'avait d'ailleurs pas l'air méchant et ronflait tellement que je l'entendais à travers la porte fermée.

Le lendemain de mon arrivée, Serioja pietinait d'impatience, et Kolia à proposé de nous guider jusqu'au camp, car la piste qui y mène peut réserver des surprises. Il m'a prévenue que s'il arrivait quoi que ce soit, une grosse pluie, par exemple, il viendrait me chercher avec sa bagnole tout terrain. La piste demande 45 minutes de conduite attentive pour dix kilomètres de creux, de bosses et de sables mouvants, à travers des espaces herbeux, avec des bosquets de pins et de chênes, d'accacias, de saules. Serioja chantait: "Steppe, ma large steppe", au milieu de celle-ci, la steppe, large, odorante et vibrante de grillons, avec les touffes grises de la fameuse "absinthe, herbe amère", et délirait de lyrisme. "Serioja, lui dis-je, pourquoi restez-vous à Moscou ? Revenez donc ici !

- C'était mon intention, mais je viens de prendre une jeune épouse et notre petit père le tsar paie bien."

La jeune épouse, Sacha, est très belle, son père est un Grec pontique, sa mère est russe. Elle ressemble à une statue antique avec un sourire slave." Vous ne voulez pas venir par ici, Sacha ?

- Oh sans doute il le faudra, mais je voudrais faire carrière tant que je suis jeune et belle...

- Sacha, quelle carrière ? Ce sont des mirages tout ça. Vous êtes saine et naturelle, vous avez un mari, vous attendez un enfant, et la vie à Moscou, ce n'est pas la vie.

- Oui, mais de toute façon, il doit encore servir quelques annees, après on verra..."

Apres avoir déposé mes jeunes mariés, j'ai refait le trajet en sens inverse, j'ai fait le plein d'essence, et je n'ai pas eu le temps de finir de boire le café avec Kolia dans le vent tiède que Skountsev me convoquait pour l'emmener dans une stanitsa à 16 km de la, sur la tombe d'un ami à l'initiative du "bouclier d'or". Je ne suis pas entrée dans le cimetière, car je ne voulais pas laisser Rita dans la voiture, il faisait une chaleur terrible. J'ai fait une rapide aquarelle de l'église en voie de restauration, et j'ai rejoint toute une équipe de cosaques qui chantait en cercle en hommage au défunt, en faisant circuler entre eux une coupe commune, c'est-à-dire plutôt une soupière en bois. Rita n'en pouvait déjà plus. Après la photo de groupe devant l'église, j'ai du emmener Skountsev à l'hôpital minuscule du village voisin, où il devait voir sa mère et prendre les clés de sa maison. Puis à la maison elle-même ou il voulait prendre des affaires. Il est très lent, mal organisé, changé d'avis sans arrêt, et j'ai du l'attendre je ne sais combien de temps, moyennant quoi il a oublié de prendre sa tente. Il a fallu s'arrêter pour prendre le pain qu'il trouve le meilleur, et j'ai fait le taxi pour diverses courses, pour lui et pour moi, après quoi il m'a fallu reprendre la piste à travers la steppe, jusqu'au camp, j'ai dépensé en un jour le plein d'essence que j'avais fait le matin, et j'avais l'impression d'être partie depuis une semaine.

Le camp est situé dans un bois, au bord de la rivière, il bruisse de chansons cosaques et de refrains d'accordéon, se baigner en entendant chanter n'est pas du tout la même chose que de le faire au son discordant et braillard d'une radio de merde. La rivière passe au pied d'une colline desséchée où les cosaques tenaient conseil autour de leur ataman. Les participants du rassemblement vont rituellement tous les ans regarder le lever de soleil depuis son sommet. "Vous savez, me dit un participant, il y a ce moment avant l'aube ou tout est très sombre et très silencieux. Les oiseaux de la nuit se taisent et ceux du jour ne chantent pas encore, et tout à coup, l'horizon s'éclaircit, et apparaît quelque chose comme un jaune d'œuf chatoyant, ils commencent tous leur concert, tout s'illumine, le soleil monte, comme un bouclier d'or resplendissant."





jeudi 22 juillet 2021

Sur le départ...

 


Ce matin, je pensais que je ne partirais pas à Volgograd, car le jeune homme censé me conduire la bas avec Skountsev m'avait fait comprendre que tout le monde était sous la tente, se lavait dans la rivière et faisait la queue aux toilettes communes. Très peu pour moi, j'ai passé l'âge. Mais Skountsev m'a réservé ainsi qu'à lui-même et sa femme, une chambre d'hôtel. Il a pris un autre chauffeur, un militaire, cosaque bien sûr, qui travaille au Kremlin! Je ne vois pas comment me défiler. Et pourtant, si je suis persuadée que cera très intéressant et productif, je n'ai pas envie de partir. Je suis fatiguée, et surtout, j'éprouve tant de bonheur à rester dans mon jardin, à contempler le ciel au dessus de l'isba d'Ania et Kolia, cette splendeur toujours renouvelée des nuages chatoyants, ces grandes torsades qui essorent leur lumière sur un profond émail bleu, et le mouvement des feuillages et des fleurs, brassés par la brise, cette immense et magnifique respiration du Souffle de Dieu. Je voudrais voir fleurir mon astilbe mauve, or elle commence juste... quand je rentrerai, elle sera fanée. Je dessine et je joue de la musique, je ne sais ce qui me procure le plus de joie, et j'offre cette joie à Dieu qui me l'accorde en me prêtant vie. Car une grande partie de mes années passées a été gâchée par la nécessité de résider en ville, loin de tout ce qui ici m'irrigue et me transporte. Ces moments de contemplation dans mon jardin me détournent l'esprit du serpent qui nous fascine tous, ce serpent à plusieurs têtes qui nous enserre et nous endort avant de nous dévorer, si Dieu ne met pas un terme à ses entreprises. Les nouvelles qui me viennent de France sont si fantasmagoriques que j'ai l'impression de passer dans ce qu'on appelait autrefois un mauvais trip.

Xavier Moreau, qui était si bouleversé par le branle-bas de combat de la troisième vague en Russie (avant la quatrième, la cinquième, la sixième...) explique que l'industrie du médicament russe est liée au Big Pharma américain, ce qui explique peut-être ce brusque revirement, suivi d'ailleurs d'une reculade.

D'après lui, ce qui me rassure, même si ces liens mafieux sont avérés, la Russie ne fait pas partie du plan du grand reset prévu pour l'occident, et en effet, Poutine, si je me souviens bien, avait payé la dette de la Russie au FMI, même si les oligarques ont exporté d'énormes sommes d'argent volé au pays. Je conseille sa vidéo (et toutes les autres):



Il aborde la question de l'Ukraine, et je voudrais recommander également en complément, cette vidéo de présentation d'une jeune femme qui a tourné un film sur le Donbass. Pas spécialement soutien de Poutine, cette journaliste authentique est allée voir de plus près et ce qu'elle a vu lui a révélé l'ampleur des mensonges, des omissions et des calomnies de la presse libérale, qu'elle soit française ou russe d'ailleurs, elles ont les mêmes patrons. 

Quand en 2014, j'avais vu comment tout cela se déroulait, j'avais perdu absolument toute confiance dans les médias occidentaux officiels et aussi dans les gouvernements. C'est pourquoi aujourd'hui, je me méfie systématiquement de toute campagne bruyante et unilatérale, comme dans le cas du covid, où l'on a hypnotisé les gens avant de les masquer, de les enfermer, et maintenant de leur faire le chantage à la piquouse. Je suis profondément convaincue, que tous les gouvernements occidentaux et tous les médias à leur solde sont de grands malfaiteurs au service d'une pieuvre mafieuse supranationale.

Mais bon, je vais passer dix jours chez les cosaques. Je pense que cela sera folklo, à tous les sens du terme. Cela vaut sans doute le coup de me surmener un peu et de laisser mon merveilleux jardin....