La neige est arrivée en tempête, après la pluie diluvienne sur la boue, et elle n'arrête pas de tomber. Après quoi nous aurons un léger plus, et puis la température va chuter jusqu'à -16 à la fin de la semaine. Pour les climatodépendants, c'est un peu dur. Mais la neige me réjouit, car elle transfigure un paysage devenu sinistre.
J'ai hier appelé Nadia la chevrière, car le prix annoncé par Kolia pour me faire une petite remise me semblait élevé, et à la jeune Nadia qui me fait parfois le ménage aussi. Or elle vient de refaire sa maison, et elle est au courant des prix. Je suis allée la voir, à travers flocons tourbillonnants et congères en formation, avec Rita dans son sac matelassé.
La maison de Nadia avait brûlé au printemps dernier, et mon amie Isabelle, qui m'avait prêté de l'argent pour en acheter une, avait proposé de faire don à Nadia d'une somme qui lui a permis de faire nettoyer l'emplacement de son ancienne maison, en attendant que les subsides de l'assurance permettent d'en construire une autre. Ce qui fut fait, le moment venu, en un temps record. Nadia a commandé une maison en "carcasse", deux feuilles de contreplaqué farcies d'isolant et recouvertes de planches à l'intérieur et de siding à l'extérieur. J'avais l'impression que la maison était minuscule, mais pas du tout, une entrée, deux chambres, une cuisine, une petite salle de bains, et elle est bien isolée, car les ouvriers de Gazprom ne sont toujours pas venus rebrancher le gaz, et avec des convecteurs électriques, c'était vivable. Nadia m'a lu des extraits de son journal, où elle relate la construction de sa maison. Malheureusement, l'essentiel de ce journal qu'elle tient depuis des années a brûlé avec la maison précédente, et c'est très dommage.
Elle m'a beaucoup remerciée, et une de ses amies m'a même fait don d'une carte imprimée au nom de tous ceux qui entourent Nadia, et j'ai une fois de plus précisé que dans l'affaire, je n'avais été qu'un intermédiaire, que l'argent venait d'Isabelle. C'est Isabelle qui mérite la carte et les louanges.
J'ai fait des photos de Nadia dans sa maison, et de la carte.
Chère Laurence (remplacer par Isabelle)
Ce sont les amies de Nadia, dont la maison a brûlé et que vous avez aidée, qui vous écrivent.
A notre époque, la plupart des gens sont occupés de leurs problèmes et de leurs affaires et ne prêtent pas attention aux malheurs des autres.
Votre action, Isabelle, nous a beaucoup impressionnées. Nous sommes touchées jusqu'au fond du coeur. votre aide ressemblait à un miracle.
Aucune d'entre nous ne s'attendait à voir si vite arriver des fonds pour commencer la reconstruction. vous avez fait preuve d'une énorme bonté et générosité, des qualités que notre Créateur estime beaucoup. Nous sommes sûres que Dieu aide les gens tombés dans le malheur à travers des gens comme vous, Isabelle. Nous vous sommes très reconnaissantes pour ce secours désintéressé venu en temps utile.
Nicolas Bonnal m'a envoyé un article auquel j'ai répondu en commentaire, mais je voulais aborder cette question dans une chronique, car elle me tracasse moi-même. L'auteur de l'article est visiblement un Américain venu s'installer en Russie pour y trouver une arche et donner un avenir à ses enfants, or comme beaucoup d'entre nous, il commence à se demander s'il n'est pas allé de Charybde en Scylla. Je ne suis pas une experte, et ne peut parler que de mes réactions épidermiques à mes observations limitées, et de mes intuitions. Tout est clair pour moi de ce qui se passe en occident, mais en Russie,c'est plus complexe. Slobodan Despot émet l'hypothèse que la Russie puisse être l'objet d'une attaque de guerre bactériologique, c'est aussi l'opinion de mon amie Dany qui est restée un mois et demie à l'hopital avec le covid, et j'ai eu bien peur qu'elle n'en ressorte pas. On dirait en effet que notre virus n'est ici pas le même qu'en occident, beaucoup de gens sont malades, parfois très gravement, parfois leur état s'aggrave brusquement, pas mal de gens en meurent. Slobodan envisage que Poutine finasse. Il y a en effet une dissonnance entre la soumission à la politique mondialiste qui prévoit une dépopulation et la politique nataliste de la Russie. De plus, comme le remarque Dany, ici, on soigne les gens. Tous les malades du covid sont pris en charge et soignés. Poutine a autrefois remboursé la dette russe au FMI, il a reconstitué des stocks d'or, restauré la puissance militaire russe. Cela ne cadre pas avec une soudaine soumission au mondialisme. Cependant, le vaccin russe Spoutnik V ne semble pas différer sensiblement du vaccin occidental, si l'on peut appeler ce qu'on injecte aux gens sous ce terme un vaccin. Il ne protège pas mieux. Il produit, d'après ce que je lis et aussi ce qu'on me raconte, des effets secondaires comparables. S'il s'agissait de nous protéger contre une attaque bactériologique, nous injecterait-on l'équivalent local du Pfizer? D'un autre côté, Dany m'a appris que l'immunité officielle des gens qui ont été malades, comme elle et moi, est prolongée de six mois à un an, ce qui me paraît bon signe et, en tous cas, nous arrange bien.
C'est vrai que la version selon laquelle Poutine le rusé, soumis à d'énormes pressions économiques, finasse et donne le change en attendant que l'occident ne s'écroule de lui-même commence à devenir difficile à croire, et le pays qui lui faisait massivement confiance marche de moins en moins là dedans. Ce qui se passe en ce moment semble démontrer que s'il n'était peut-être pas partie prenante enthousiaste, il a fini par se coucher. C'est ce que j'aurais personnellement tendance à penser. Cela dit, je reste dans l'expectative, car on ne sait pas comment tout cela va se passer ici. Pour l'instant, les gens n'adhèrent pas à tout ce cirque. Il y a naturellement des gens effrayés, car ils regardent trop la télé et il y a réellement beaucoup de malades, qui se promènent avec des masques qui ne les protègent de rien, sauf de l'air pur. Mais beaucoup sont exaspérés, d'autant plus que parallèlement, les fonctionnaires, gouverneurs et députés se conduisent comme des satrapes haïssables. En plus tout le monde a bien conscience que tout ceci nous est imposé de l'étranger, et que ceux qui s'entremettent trahissent. Beaucoup de Russes ignorent tout simplement les mesures quand ils le peuvent. Beaucoup se procurent des certificats de complaisance. Beaucoup de flics ferment les yeux, beaucoup de magasins et de restaurateurs font comme si de rien n'était. Il y a des chances que le bordel, la corruption et la résistance passive viennent à bout des tentatives d'asservissement, c'est du reste l'argument qu'invoquait Poutine pour ne pas imposer la vaccination obligatoire. Je ne suis pas communiste mais les lendemains qui chantent étaient plus convaincants que la peur du virus, pour l'installation du totalitarisme. J'avais lu que Koudrine avait évoqué le projet d'une ceinture de mégapoles à travers la Russie, des mégapoles connectées, intelligentes et friquées, tandis qu'on laisserait péricliter tout ce qui n'entrait pas dans ce réseau, campagnes et villes périphériques de peu d'importance. Je me suis dit que s'il en était ainsi, nous pourrions au moins végéter tranquilles dans nos ruines sans infratructures, car il est possible que les seigneurs mafieux du nouveau monde se fichent éperdument des parias oubliés dans les zones abandonnées, alors qu'en France, par exemple, il y a une volonté idéologique de traquer tous les réfractaires. Mais pour l'instant, les Russes réagissent plutôt en fuyant les mégapoles. Il y a un net mouvement de retour à la terre. Des communautés agricoles, des communautés d'artisans, la prise de conscience que les traditions, la conservation et la transmission des savoir-faire préparent la renaissance d'un monde normal. C'est le credo de l'homme d'affaires orthodoxe et écologiste Boris Akimov, installé près de Pereslavl et fondateur du mouvement "les gens heureux". Karine Bechet Golovko envisage que la détestation du pouvoir et de ses QR codes puisse fédérer une véritable opposition nationale, ce qui n'avait pas pu se faire auparavant.
De plus, même si les Suisses ont voté massivement, comme des boeufs, pour l'installation des QR codes, il y a quand même des choses qui commencent à éblouir les plus aveugles par leur évidence. Des parties du monde qui échappent à l'hystérie entretenue par l'OMS et ses séides. Et plus le temps passera, plus les mensonges vont se révéler. Un signe pour moi encourageant, l'affreux petit Blachier a tourné sa veste, apparemment, la girouette a senti la direction d'un nouveau vent. Le voilà qui proclame qu'on est allé beaucoup trop loin, que cela devient absurde, dangereux, qu'il faut arrêter la plaisanterie... A ne pas en croire ses oreilles.
J’ai vu l’urologue de Iaroslavl, qui s’est
réjouie de l’évolution des choses et m’a prolongé un traitement que j’avais
déjà pris avec le copain de Skountsev, c’est un médicament à base de plantes.Après cela, nous n’avons avec Nil pas eu le
temps de visiter Iaroslavl, parce que mes codes n’éclairant presque rien, je ne
peux rouler la nuit, et la nuit tombe à quatre heures. J’ai proposé de nous
arrêter à Rostov et d’aller visiter enfin le musée d’art populaire, mais il
était encore fermé, et une affiche demandait de prendre rendez-vous à l’avance.
Nous sommes allés au restaurant en face. Je craignais qu’on ne nous demandât le
QR code, mais non, et même, personne ne portait l’abominable masque. En
revanche, dans mon super marché, on m’a obligée à le mettre à la caisse, en
signe de soumission aux diktats imbéciles de la caste, car de la caissière aux
clients, personne ne s’en recouvre le nez, on a trop besoin de respirer, et il
est impossible de le faire normalement quand on est baillonné. En ce qui me
concerne, j’en ai un dégueulasse dans ma poche, je l’accroche d’une oreille à
l’autre sans souci de l’ajuster, et je l’enlève aussitôt que j’ai passé le
barrage.
Le restaurant était très bon et très bon
marché, avec une déco kitsch, bien sûr. Nous avons payé à deux ce que je payais
pour moi seule au café Montpensier, où je ne vais plus depuis qu’ils
n’acceptent plus ma chienne et exigent le QR code. Rostov nous a paru si beau,
si pittoresque, Dieu veuille le préserver ainsi, ce qui est arrivé à Pereslavl
est trop triste...
Au retour, j’ai appelé Alla, la blonde au
tailleur rose que j’avais rencontrée quand nous promenions nos spitz
respectifs. Elle a été malade du covid, elle aussi, cet été, et s’est retrouvée
à l’hopital avec le même traitement que moi. Elle m’a dit que beaucoup de gens
dans son quartier avaient été malades plus ou moins gravement, et que certains
étaient morts. Elle m’a précisé aussi qu’à l’hôpital, la moitié des gens qui
s’y trouvaient avec elle étaient vaccinés quand ils avaient contracté le truc.
Bien qu’elle ne veuille surtout pas revivre ce qu’elle vient de passer, elle
éprouve une grande méfiance envers le vaccin, mais pense qu’elle sera obligée
de le faire pour pouvoir continuer à prendre le train et aller voir sa mère.
Une de mes amies est dans ce cas en France, par rapport à sa fille handicapée.
Alla connaît aussi directement ou indirectement des cas d’effets secondaires
sérieux. Je lui ai parlé de l’hypothèse de Slobodan, une version russe du
virus, différente de la version européenne. Quoiqu’il en soit, tout cela est
terriblement louche et effrayant. Elle a vu comme moi l’état d’une femme
s’aggraver brusquement, et son départ précipité en réanimation. Comme Dany,
elle témoigne que les médecins de son hopital à Moscou étaient très compétents
et dévoués, et la veillaient avec vigilance. Elle a l’impression qu’on lui a
volé sa vie et ce qu’il lui reste d’avenir, car tout est devenu irrespirable,
comme l’air vicié de nos masques, et nous vivons dans une sorte de sourde
angoisse permanente. Il y a comme une incohérence, d’ailleurs, entre la
vigilance des soins qu’elle évoque, et un vaccin douteux et inefficace imposé à
toute une population contre son gré. En France, on pousse les gens au vaccin
par tous les moyens, mais on ne soigne pratiquement pas la maladie, contre
laquelle existe pourtant le traitement Raoult. Etienne Chouard, dans le documentaire Hold On, parle des techniques d'intimidation mafieuses mises en oeuvre par nos "élites" toxiques, et c'est exactement comme cela que je les caractérise depuis un moment, c'est bien d'ailleurs pourquoi je suis si méfiante envers leur vaccin et toutes leurs mesures brutales et absurdes.
Je suis retournée enfin à la cathédrale, où
j’ai été très bien accueillie. Chacune de mes communions est en ce moment une
petite victoire et une source de joie. J’ai confessé ma dureté envers une créature, sans doute bien malheureuse et esseulée, qui me paraît un vampire absolu et m’emplit d’une répugnance peu propice à la compassion que je devrais éprouver en un tel cas. Car quoique je lui dise, lorsque je cède par charité chrétienne et répond à ses coups de fils répétés et à ses messages éplorés en lettres capitales, sur le moment elle recule un peu, puis elle revient à la charge, avec ses sanglots, ses plaintes, sa vision absolument négative de l’existence, et son absence complète de sens des limites. Elle se jette sur les autres et les encombre de sa vie, projetant sur eux une espèce de désespoir visqueux et indiscret comme s’ils devaient absolument se charger d’elle et écouter indéfiniment ses lamentations. Les conseils, elle n’en fait aucun cas, et bien qu’elle invoque le Seigneur à tout bout de champ pour amadouer sa victime, elle ne recourt visiblement ni à la prière, ni à l’Eglise, ni à son clergé. Comme m'avait dit le père Valentin avec un rire ironique: "Essayez de garder la distance sans être trop blessante et bon courage".
On m'a fait le drainage de mon terrain, la tranchée creusée s'est transformée en ruisseau qui est allé se déverser dans le canal à l'extérieur. Mes deux travailleurs ont posé un tuyau spécial, et un lit de graviers pour créer un filtre. Puis ils ont réparti la terre sur les alentours. Ils ont remis au printemps le curetage du canal autour de chez moi.
L'électricien Kolia est venu avec son copain Génia, pour
étudier la partie de mon terrain à drainer. Ils vont mettre un tuyau souple prévu pour
absorber les eaux et les conduire plus loin. Il n’est pas énorme et ne devrait
pas nuire à mes plantations. Mais ils vont faire cela demain, quand je serai à
Iaroslavl, où je vais rencontrer l’urologue. Il vaut mieux ne pas attendre, la
terre est encore malléable mais cela ne va pas durer.Il faudra sans doute
rajouter de la terre, mais j’essaierai de faire cela délicatement,
contrairement à mon voisin.
Je vais de mieux en mieux, mais j’ai encore
toutes sortes de douleurs bizarres. Et puis des coups de fatigue. Ma cousine me
prend pour une force de la nature, or s’il y a de la force en moi, ce n’est pas
de moi qu’elle vient, mais de Dieu et des saints intercesseurs auxquels je
m’adresse. L’hôpital m’a au contraire dévoilé toute ma faiblesse. Ce fut une
véritable descente aux enfers, et je l’ai assez vite ressenti comme une épreuve
spirituelle destinée à m’arracher à mon état précédent pour me pousser en
avant. L’épisode de la tombe du père Boris et de la confession au père Gérasime
ont été des signes qui me l’ont confirmé et qui sont venus comme des
encouragements précieux.
Je n’ai toujours pas réussi à envoyer la
lettre pour Spyridon, en Belgique, avec le sable de cette tombe. Je suis encore
allée à la poste aujourd’hui, il y avait bien quinze personnes devant l’unique
guichet ouvert. Comme on passe généralement dix ou quinze minutes sur chaque
client, cela me fait reculer. Mais je vais aller dans une autre poste, où m’attend
un colis que je ne pourrai pas me faire livrer, parce que je n’en dépends pas,
pourtant si on cherche mon adresse sur internet, c’est justement celle-là qui
est indiquée !
Mercredi soir, Veniamin le Suisse m’avait
invitée à venir regarder l’émission qu’on avait tournée sur lui et sur ses amis
cosaques, et j’avais participé, on me voit dix secondes. Le film est très bien,
avec de jolies prises de vue, Veniamine est très beau, avec des yeux bleu des
mers du sud. Les cosaques m’ont accueillie littéralement à bras ouverts. Le
mercredi soir est le jour de leur réunion hebdomadaire, qui a lieu maintenant
dans les dépendances d’une église en voie de restauration, Saint Serge, à côté
de la cathédrale où je vais, dans le centre. Des adolescentes avec une guitare ont
chanté en chevrotant des chansons à la noix, dont une en anglais, ce qui m’a
paru profondément ennuyeux et plat, mais ces mêmes gamines, quand elles ont
entonné des tchastoutchki, des refrains satiriques accompagnés à l’accordéon
par l’oncle Slava, se sont révélées naturelles, enjouées, avec des voix fermes,
expressives et sonores. L’un des cosaques, dont le nom m’échappe parce que le
covid m’a ralenti les synapses, nous a donné un cours de percussions, le rythme
cosaque qui rappelle le pas des chevaux, le rythme caucasien. Il a expliqué que
le rythme lui avait permis de récupérer après des problèmes de santé qui l’avaient
beaucoup diminué, parce qu’il agit sur le physique et le mental, qu’il nous met
en contact avec la dimension cosmique de l’existence. Le rythme, et en règle
général la pratique d’une activité artistique, développent l’intelligence, la
concentration, j’en suis très profondément persuadée, et n’ai cessé de le
constater en maternelle. Ce cosaque a un fils, qui l’accompagne sur son tambour,
et qui non seulement possède bien ce fameux rythme, mais bée d’admiration
devant son père, et rayonne de la joie de jouer avec lui d’égal à égal. Ce
petit garçon a dansé avec un copain, ils ont dansé avec tant de naturel, de
grâce, de bonheur, je les ai chaleureusement félicités. Son père m’a remerciée
d’être là : «Vous êtes pour Pereslavl un enrichissement culturel.
Veniamine et vous faites partie de notre culture locale, que malheureusement
les habitants de notre ville bien souvent méprisent et que vous aimez. »
Moi qui songeais parfois à me rapprocher de
Moscou et d’un hôpital correct, j’ai compris que ce n’était pas possible, que j’étais
liée à Pereslavl, à ses cosaques, à son café français, à ses monastères, son
évêque, son père Gérasime et son père Pantaleimon, son père Andreï et son père
Vassili, au petit Aliocha et à ma voisine Ania, que faire ?
Sur le site de la ville de Pereslavl, les gens
ironisent souvent sur les cosaques, et se scandalisent de leurs jeux guerriers,
de l’esprit guerrier dans lequel ils élèvent leurs enfants, mais cet esprit
guerrier est noble, chevaleresque, héroïque, et c’est précisément ce dont les
enfants ont besoin. Les enfants des cosaques partagent cela avec leurs pères, et
ils sont épanouis, gentils, bien élevés. Alors que les gosses de tous ces
pacifistes ricanants écoutent de la musique étrangère de merde complètement
dégradante, se promènent avec des fringues ridicules et des mines renfrognées ou
tâtent peut-être de la drogue.J’ai lu avec horreur que parmi tous les innombrables
animaux abandonnés de la ville, certains sont atrocement torturés par des
créatures des ténèbres, cela m’a fait froid dans le dos. Car les monstres
capables de cela s’attaqueront aux humains à la première occasion. Or les
cosaques ne sont pas comme cela, et leurs enfants, malgré leurs jeux guerriers,
ou sans doute même grâce à eux, n’ont pas cette vilenie ni cette cruauté. Les
cosaques sont ce que je connais de mieux à Pereslavl, avec le clergé et les
fidèles de nos nombreuses églises. Et aussi les artistes peintres. Ils sont
purs.
Je suis allée hier me changer les idées au
café, je me sentais très mal le matin. Et en sortant de là, je suis tombée sur
mon amie Claire, avec son mari, qui est russe et prêtre à Moscou. Elle espérait
me voir, et nous sommes retournés au café. Son mari est très fier de son
chien, un véritable épagneul breton importé de France! J'étais très heureuse de
voir Claire, toujours fraîche comme une jeune fille. Ils ont une datcha près de
Taldom, il y en a pour une heure et demie de trajet, mais il m'est beaucoup
plus facile d'aller les voir là bas que de les rencontrer à Moscou. Moscou,
ses QR code, son affreux maire saccageur me dépriment, je n’y vais plus que
pour le père Valentin et quelques occasions comme un mariage, un enterrement ou
ma fête d’anniversaire.
Après quoi, je suis allée à la plage
municipale voir ce qu'on y avait fait comme travaux. Des allées asphaltées, et
des bordures en ciment, tout cela va regorger de thuyas et de petits massifs de
bégonias comme les aiment les comptables et les fonctionnaires. Un des kiosques
a été détruit, l'autre est encore là. Le lac est en train de geler, il ne fait
encore que - 3, mais il soufflait un vent violent et glacial. Le long des
rochers l'écume était déjà figée, l'eau huileuse, à la fois verdâtre et dorée,
charriait des débris solides. De gros nuages sombres et irisés laissaient
passer les rayons d'un soleil bas qui ne chauffait pas.
Aujourd'hui, je suis retournée au café, car
j'avais quelque chose à fêter. L'échographie a révélé que les pierres étaient
parties et que le rein malade commençait à rentrer dans la norme. Le médecin
m'a dit que le traitement de l'urologue était excellent, mais que certaines
personnes pouvaient avoir du mal à le supporter. C'est mon cas. Mais les
pierres sont parties, Dieu soit loué. Maintenant, il faut récupérer une santé
normale et éviter que la chose ne se reproduise, dans la mesure du possible.
Auparavant, et bien que toujours très
fatiguée, je suis allée aussi claquer un peu de fric dans un magasin du centre
commercial Magnit. Je me suis offert une nouvelle doudoune, plus courte, pour
les moments où il ne fait pas trop froid et les ballades. Et un joli pull
beige. J'ai vu dans la glace de la cabine à quel point j'avais minci. Il me
faudra essayer de rester comme cela, pour ma santé, c'est meilleur.
Les offices sont très beaux, au monastère saint Daniel, il n'y a que trois hommes dans le choeur, mais leur répertoire est constitué de chant znaménié et de chant byzantin, aux vêpres, hier, j'ai entendu le "kyrie eleison" magnifique qu'on chante à Solan aux agrypnies. En Russie, l'agypnie, c'est tous les samedis soir.
C'était la fête de l'archange saint Michel. J'ai communié et Nil aussi. Je suis allée vénérer l'icône de saint Daniel de Pereslavl. Dans un coffert vitré est présentée une des chaussures avec laquelle il a été enseveli. Il y avait pas mal de monde, si l'on considère que Pereslavl compte plusieurs monastères et plusieurs paroisses pour 50 000 habitants. Le père Pantaleimon semble très aimé. Il est beau, de noble apparence, il a l'air intelligent et un magnifique regard clair. L'atmosphère était sereine et d'une spiritualité élevée.
Je me demandais ce que le nouveau monde qu'on cherche à nous installer ferait de tout cela, les croyants orthodoxes, les monastères, les higoumènes et les évêques. Dans les mégapoles intelligentes et connectées où l'on projette de tous nous parquer, sous surveillance constante jusque dans nos salles de bains, je ne vois pas comment tout cela pourrait encore être toléré, et cela ne le sera pas. Slobodan, après un entretien sur messenger avec moi, a fait un article où il envisage que la Russie ait été l'objet d'une attaque bactériologique, parce que notre covid semble différer du covid occidental, et faire plus de dégâts, et c'est bien possible, Dany l'envisage aussi. Slobodan trouve illogique que Poutine, soucieux de restaurer la souveraineté nationale, après avoir favorisé les naissances et restauré la puissance militaire russe, se mette brusquement dans le fil mondialiste de la vaccination forcée et des QR codes. Il discerne d'autres intentions, plus louables. Il donne une interview de Dmitri Orlov, du Saker, que j'ai toujours lu avec grand intérêt. Dmitri Orlov partage le point de vue de Slobodan, et précise que "il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes, que le gouvernement russe, au rebours des gouvernements occidentaux, cherche à protéger sa population, et que le vaccin Spoutnik est excellent." Je voudrais bien le croire, mais j'ai des doutes. Beaucoup de gens témoignent comme en occident de cas d'infections covid malgré le vaccin et d'effets secondaires analogues à ceux qu'on décrit là bas. De plus, le ton de la propagande, les procédés et les pressions rappellent beaucoup ce qui est mis en oeuvre partout. On fait ouvertement la réclame du monde connecté qui nous "simplifiera" tellement la vie. La destruction du patrimoine à Moscou et dans les villes importantes de Russie comme Nijni Novgorod et Kazan ne me dit rien qui vaille. Il se peut que tout ceci soit envisagé dans un esprit de souveraineté nationale, comme en Chine, mais je ne voudrais pas vivre en Chine, et je ne vois pas les Russes vivre de cette manière, à moins d'en faire des zombis décérébrés, ce qui est le programme universel: et je ne trouve pas que les autorités russes aillent tellement en sens contraire. Il y a une certaine résistance, sur le plan sociétal, mais elle est régulièrement battue en brèche par l'importation de spectacles dégradants, d'une contre-culture qui tourne la Russie et d'ailleurs tout sentiment humain normal en dérision. J'ai l'espoir que le processus soit moins absolu qu'en occident, c'est-à-dire que les parias soient tolérés dans les villages perdus ou les petites villes abandonnées. Tout ceci se fait ici sans l'aspect idéologique occidental, dans une sorte de cynisme mafieux, c'est peut-être ce qui nous sauvera des ilôts de liberté, où en revanche, nous n'aurons rien, aucune infrastructure, et c'est finalement ce qui se dessine déjà, des villes obèses et une province délaissée et misérable. Slobodan observe que les gouvernements occidentaux sont constitués de psychopathes, mais que les Russes restent rationnels. C'est vrai, c'est une différence essentielle, quel que soit leur degré d'honnêteté ou de dévouement au pays, les autorités russes sont rationnelles et regardent leurs équivalents européens comme des malades, et on les comprend. Mais leur rationnalisme est souvent cynique, étroitement progressiste et matérialiste. Le soviétisme relooké par le libéralisme et le consumérisme.
D'une manière générale, les gens de pouvoir ont tendance au pragmatisme brutal, sauf dans le cas des derniers tsars du XIX° siècle, qui avaient un certain raffinement sur le plan de la culture et des sentiments. Quand ils voient, chez l'homme d'état voisin et potentiellement ennemi, une arme nouvelle, ils vont naturellement s'efforcer d'en fabriquer une équivalente et même plus performante. Ici, devant la dictature électronique et le monde connecté qu'on médite à l'ouest et qui est déjà installé en Chine, on va naturellement aller dans le même sens, parce qu'on n'est pas plus con que les autres et que c'est le progrès. Cet entraînement maudit, que j'entends justifier depuis mon enfance par "c'est le progrès", nous mène en enfer depuis pratiquement cinq siècles, avec une vertigineuse accélération au cours des deux derniers, à partir du moment où la chute des royautés a permis à la finance nomade de n'en faire qu'à sa tête. La Russie a failli réussir a sauver sa paysannerie et sa structure naturelle d'empire chrétien, mais les bolcheviques y ont mis bon ordre, avec toute la haine sordide dont ces gnomes étaient capables. En cela, ils ont admirablement bien servi le capitalisme mafieux qui cherche à présent à asservir définitivement l'humanité.
Slobodan pense que ce qui n'a pas été achevé en 17, on cherche à le réaliser maintenant. Oui, bien sûr, il y a un moment que je le pense aussi, et par le truchement des mêmes personnages. Ceux-ci, à l'occasion des 200 ans de la naissance de Dostoievski, le couvrent de boue et de sarcasmes, évidemment, Dostoievski, c'est la Russie incarnée, son concentré, sa fleur. Et les gens comme eux, il les avait minutieusement démasqués. Les démons, les démons comme Tchoubaïs, Gref, Sobianine, et toute une certaine presse, un certain milieu intellectuel, y compris les faux dissidents comme le prix Nobel Alexieva ou la journaliste Galia Ackerman, héritiers directs de ceux qui ont assassiné le dernier tsar et sa merveilleuse famille, et avec eux une grande partie de l'intelligentsia et de la paysannerie russe.
A propos de ce qui se trame en occident, je suggère de regarder la vidéo suivante:
et de lire l'appel de l'archeveque Carlo Maria Vigano: L'archevêque Carlo Maria Vigano appelle à une alliance anti-mondialiste internationale (lemediaen442.fr). Tout ceci est annoncé ouvertement par les acteurs de ce coup d'état planétaire. Par Klaus Schwab, par Attali, par Sarkozy, par Macron. Curieusement, les gens n'entendent pas, et quand c'est relevé et cité par quelqu'un d'autre, par un observateur, un lanceur d'alerte, alors cela devient du complotisme. Mais ce sont eux qui nous le disent, vous croyez qu'ils plaisantent?
Tout cela n'est évidemment pas réjouissant. Je pense souvent avec appréhension aux miens, en France, à leurs petites et grandes maisons, à leurs petits commerces, à toute leur façon de vivre condamnée par une bande de salopards sans foi ni loi et sans patrie. Si bien sûr, personne ne réagit plus que ça, si aucun grain de sable ne tombe dans la machine. Mais je crois aux grains de sable. Je crois aux interventions divines, elles ont lieu dans ma vie, elles peuvent avoir lieu dans le destin des peuples. Je ne pense pas que Dieu laissera tomber les père Pantaleimon et les père Guérassim, non plus que leurs fidèles et leurs monastères; qu'il laissera éliminer tout cela de la surface de la terre, ou alors, c'est que le second avènement est imminent.
En rentrant du monastère, je suis allée contempler le lac. Il avait des nuances irréelles, un vert étrange, presque vénéneux, qui se teintait de bleu profond sous la rive opposée, les nuages eux-mêmes étaient à la fois sombres et pleins de lueurs. Je pensais à tous les gnomes qui se précipitent pour construire des horreurs et transformer ce lac nordique issu des épopées russes en Luna Park pour connards: acheter, louer, vendre, tout exploiter, tout profaner, tout saloper, tout détruire.Et quand le processus sera achevé, que ce pauvre lac pollué à mort et défiguré n'aura plus aucun intérêt, l'argent ira sévir ailleurs, laissant la plèbe avec son bidonville en plastique qui ne sera plus rentable. Pereslavl périclitera comme tout ce qui sera à l'écart des villes mondes, à moins qu'il ne s'inscrive dans une chaine de métastases entre la tumeur Moscou et la tumeur Iaroslavl, le long de la route fédérale qui les réunit.
Le concombre masqué devient plus fréquent à Pereslavl. La télé doit faire son oeuvre. Et puis il y a dû avoir des consignes, car la jeune femme qui vend de la charcuterie en face du café français avait mis le sien, qu'elle déteste, sous le nez. Je ne sais pas comment les gens font pour croire que ce machin les protège de quoi que ce soit. Il empêche les chirurgiens de baver dans les plaies ouvertes et les dentistes de recevoir des giclées de sang en pleine action, mais les virus, eux, passent à l'aise, en revanche, l'air pur pas tellement. J'étouffe au bout de cinq minutes, quand j'ai ce pattacul sur la figure. Mais plus on verra de malheureux frileusement masqués, plus s'ancrera dans la conscience générale que nous sommes tous en danger, que l'autre est un danger.
Je supporte très mal le traitement de mon urologue. Un des médicaments agit sur la tension, et la fait baisser. J'avais toutes sortes de phénomènes circulatoires désagréables, et j'étais au bord de l'évanouissement. Je ne le prends plus. Aujourd'hui, je me sens normale, j'ai pu aller à pied au café sans redouter de m'écrouler. Et je suis même allée hier, avec Katia, dans un centre touristique situé en pleine campagne, où l'on peut s'offrir hammam, sauna, piscine et jaccuzi à volonté pour 1000 roubles la séance. L'endroit est joli, design, du bois et de grandes verrières, mais ni le sauna ni le hammam ni la piscine n'ont les températures requises pour produire un véritable effet thérapeutique. Enfin c'est quand même bien agréable de pouvoir nager, et pour ce qui est du reste, c'est toujours ça, c'est toujours aussi efficace qu'un bain chaud dans une baignoire. Quand je parle d'effet thérapeutique, c'est dans mon cas, cette impression d'être complètement rénovée, récurée, apaisée que j'avais après le bain de vapeur à Moscou, où la vapeur était brûlante et la piscine glaciale, et où l'on se frottait et se lavait des pieds à la tête pendant des heures en s'aspergeant avec des baquets d'eau. Cependant, comme je suis affaiblie, peut-être vaut-il mieux que les procédures soient plus calmes...
Il commence à neiger, mais c'est mou, humide et ça fond. Nous attendons tous la neige, qui assainit et éclaire. Marcher par un temps pareil n'est pas des plus exaltants. Il y a de la boue, des flaques, un ciel gris... J'avais fait une ballade avec Nil, il y a deux jours, il faisait plus froid, nous avions suivi la rivière jusqu’à
l’embouchure, l’endroit où je me baigne l’été. L’eau était en train de geler,
elle était grise et verdâtre sous un ciel de plomb. Pas encore de blancheur pour napper toutes les disgrâces de ces berges saccagées. Il faut à
Pereslavl la neige ou la verdure pour retrouver un peu de son charme passé...
Ce soir, j'ai emmené Nil au monastère saint Daniel, car il souhaitait se confesser, et l'higoumène Pantaleimon parle anglais. Du coup, avisant un petit moine rondouillard qui attendait près d'un lutrin, j'ai fait la même chose. Ce moine m'a fait l'effet d'un océan de bonté, et je ne me suis même pas rendu compte qu'il me confessait, alors qu'au fil de l'entretien, il me tirait tous les démons du nez. Il m'a dit qu'il s'appelait le père Guérassim. "Saint Guérassim avait un lion, mais moi, comme je suis un petit moine, je n'ai qu'un chat." Il m'a demandé combien j'avais de chats, et il était ravi d'apprendre que j'en avais six. "Je nourris les oiseaux, me dit-il
- Moi aussi.
- Vous savez comme on peut manquer de foi, un jour je n'avais plus rien à leur donner à manger, et voilà que Dieu m'a envoyé un bonhomme avec un sac de graines, eh bien vos chats, Dieu en prendra soin.
- Oui, lui dis-je alors, je manque terriblement de foi.
Il m'a raconté l'histoire d'Adam et Eve: "Pour comprendre ce qui se passe dans notre âme, et quels sont nos péchés, il faut retourner en arrière, vers la source de tout le reste. Il était une fois, dans un jardin, des arbres et des animaux immortels, et puis Dieu a fait Adam, et il lui a donné Eve, mais elle est allée écouter le serpent, elle voulait la connaissance, censée faire de nous des dieux, et vous voyez ce qu'elle fait de nous, la connaissance? On ne pense qu'à cette connaissance, pousser les enfants vers les études et les diplômes, au lieu de les élever en Dieu".
Je lui ai dit que j'aimais beaucoup la vie, que je n'en étais pas détachée du tout. "Mais qu'est-ce que c'est la vie?
- Ce qui est beau et bon, la création de Dieu...
- La vie, c'est ce qui se passe en Christ dans votre tête et dans votre coeur, quand ils sont purs."
Nil était très content de son entretien avec le père Pantaleimon, et nous irons demain à la liturgie au même endroit.