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dimanche 7 janvier 2024

Crèche

 

 


Nous avions moins vingt-trois pour Noël, il a fait jusqu’à moins trente sept, la nuit. C’était très beau, un royaume de verre et de lumière froide et radieuse, entre deux pans de nuit étoilée qui tombent à cinq heures et se relèvent à neuf heures... Mais j’ai pitié des oiseaux, et aussi des chiens, que tous ne laissent pas entrer chez eux, quelle que soit la température, de tous les animaux abandonnés et même de ceux qui sont sauvages.

Ma voiture est restée coincée sur le parking du supermarché où j’étais allée acheter de l’eau, car ma canalisation avait gelé. Elle avait démarré comme une brave petite Renault, mais il m’aurait fallu la laisser chauffer ou rouler plus longtemps, une fois arrivée au but, elle a déclaré forfait, mais deux jours plus tard, quand je suis venue avec le voisin, elle est repartie tout de suite, comme une grande, et depuis, ne m’a plus laissée tomber.

Le plombier non plus, il est venu tout de suite, et il m’a rétabli l’eau, j’avais oublié de boucher un trou d’aération de la cave. Rouslan considère qu’il est mon plombier personnel, car il n’en revient pas des gentillesses que j’ai écrites sur son compte et distribue mes chroniques autour de lui !

Je suis allée aux vigiles, mais pas à la liturgie de minuit, je suis allée à celle du matin. Il y avait de nombreux enfants, et une atmosphère très chaleureuse. Je me disais que même si souvent je devais me pousser pour aller à l'office, mon temps était complètement transfiguré par ces fêtes qui ponctuent l'année, qui l'éclairent, qui lui donnent un sens et une beauté interne. La femme du père Vassili, qui continue à venir chez nous, bien que son mari officie maintenant aux Quarante Martyrs, m'a souhaité de fêter encore beaucoup de Noël comme celui-ci, et justement, je me demandais combien j'en verrais encore: cinq, dix, quinze? Je lui ai répondu: "Oui, je voudrais bien avoir le temps d'enterrer tous mes chats", ce qui l'a bien amusée. 

Je n'étais pas assez habillée, et frigorifiée. Au café français, où je suis allée après, c'était juste, question température, il m'arrivait dessus des courants d'air froid. Que je plains ceux qui sont dehors, hommes ou animaux, ou qui ne peuvent se chauffer. Une de mes mésanges s'était réfugiée dans une barquette de margarine que j'ai pendue pour les nourrir. Elle y prenait le soleil qui ne chauffait pourtant pas beaucoup. 

Vers le soir, je suis retournée au café, car des folkloristes y montraient une crèche sous forme de spectacle. Habituellement, il y a un petit théâtre, avec des poupées et des bougies, mais là, les filles avaient préféré faire une crèche interactive, et les poupées étaient distribuées au public, où il y avait plein de gosses. Elles éclairaient ponctuellement le personnage qu'elles faisaient parler, et projetaient ausssi des ombres au plafond. Tout était extrêmement joli, les poupées, les effets lumineux, et les chants, et je pensais à l'importance de telles représentations pour des enfants abreuvés de culture dépréciée, défigurée, vulgaire. Il y avait là suffisemment de beauté pour les faire rêver longtemps. Nous avons tous chanté ensemble des chants de Noël. Les folkloristes s'installent chez nous, dans un village près de Pereslavl, et depuis trois ans, essaient de faire renaître les traditions, et vont quêter en chantant de maison en maison, avec une étoile, et si ce fut assez difficile au début, car on n'a plus affaire à des isbas nomales mais à des "cottages", avec des palissades métalliques et des portails automatiques. Mais les gens en ont pris l'habitude et les attendent.

Un couple de jeunes voisins, Vitia et Macha, m'ont invitée ensuite chez eux, j'y suis allée à pied, sous les étoiles, sur la neige crissante. Les enfants ont voulu nous réciter des vers, la bataille de Borodino, et puis ils ont chanté des chansons. Ils étaient intarissables. La mère d'un de ces petits acteurs, m'a montré une place en Italie, noire d'Africains, c'est le cas de le dire, à l'occasion du jour de l'an. Les Italiens n'osent plus sortir, me dit-elle. J'avais le coeur serré. Adieu, Italie, brillante, splendide Italie, te voilà livrée avec un paquet cadeau, que restera-t-il de toi et de la France, et de tous les pays victimes de ce forfait dans dix ans? Les Russes ont peur qu'il leur arrive la même chose. 

On a parlé des illusions que se font les Russes sur l'Europe, et me dit Macha, on ne sait plus que croire...  Je lui ai confirmé des choses dont souvent ils doutent, il n'est pas possible que cela arrive en Europe, mais si! Ne laissez pas pourrir votre pays comme on a pourri les nôtres. 

Il paraît qu'il y a de plus en plus de familles nombreuses, surtout à Pereslavl.

J'ai vu une nouvelle qui passe sans doute inaperçue en occident. Dans l'ancien diocèse du pape François, la foudre a frappé une statue de saint Pierre, l'auréole et la clé. Un commentaire a rappelé celle qui était tombée au Vatican, le jour de l'abdication de Benoit XVI, et les colombes de la paix attaquées par des corneille. 

https://spzh.news/ru/news/77796-molnija-udarila-v-statuju-apostola-petra-v-byvshej-eparkhii-papy-frantsiska

jeudi 4 janvier 2024

L'écho d'un coeur absent - Plus au nord

 Je viens de faire paraître un recueil de poèmes, les premiers que j'ai écrits. Après avoir commencé à chanter du folklore avec les cosaques, je me suis mise à écrire des chansons, puis des vers. Jusque là, j'avais eu trop de complexes, mais le folklore m'a appris à créer, comme les oies migrent, sans trop se soucier si les gens vous jettent des fleurs ou vous tirent des coups de fusil, par nécessité atavique. Bon, les fleurs, c'est quand même mieux que les coups de fusil.


Psychopompe

 

 

Lasse d’attendre et d’espérer

J’espère en Dieu.

Michel archange au ciel arqué

Ailes de feu, glaive dressé,

De nous auras-tu donc pitié,

Quand  nous viendrons à trépasser ?

Parmi les astres écumeux

Sur nous poseras-tu les yeux

Quand nous menant auprès de Dieu

Tu nous découvriras les cieux ?

 

Nous n’avons pas su, de nos ans,

Tirer de l’or et de l’argent,

Nous avons tout dilapidé,

Nous voici vieux et fatigués

Il n’est plus temps.

 

Bel Archange prend donc pitié

De nous et puis de nos parents.

Conduis-nous comme des enfants,

Avec eux dans l’éternité,

Dans les grands champs illuminés

D’après le temps.

 

D’après le temps qui a passé

Sur nous, sans qu’au fond de nos cœurs,

S’éteigne le reflet sacré,

Sous le vent sombre des malheurs.

 

Un peu de vie dans la poussière

Qui fleurira dans la lumière,

Si Dieu le veut et nous reçoit

Aux champs dorés de l’au-delà.

 



mardi 2 janvier 2024

Une année sans dragon

 


 Moins trente la nuit. Les animaux ont si froid que je donne même des croquettes aux pies et aux corneilles. Les passereaux essaient d’entrer, je sais que dans les isbas traditionnelles, ils entraient souvent dans la partie où l’on gardait les bêtes, ou dans la véranda, j’en ai même vu, il n’y a pas longtemps, qui hibernent dans un café, sur la route de Moscou. Mais avec mes chats, si je laissais entrer ces petits oiseaux, ils seraient croqués en un instant.

Le bon côté de la chose, c’est que la lumière est magnifique. Il y en a pour toute la semaine, après cela se réchauffe un peu, il fera dans les moins quinze. Le pire est que nous avons eu, avant cela, un redoux stupide, et tout a regelé à mort. J'ai mis des boules de Noël dans mon thuya, tellement j'en ai marre du noir et blanc.

J’ai vu hier un reportage sur trois étrangers qui vivent en Russie. C’était très intéressant, car l’approche est souvent de nous présenter comme des originaux, et là ce n’était pas du tout le cas. La première est une Allemande, directrice d’un fond d’aide humanitaire, Allemande de l’est, qui essayait de représenter à ses compatriotes ce qui se déroulait vraiment depuis neuf ans au Donbass. Elle explique que dès le départ, les médias européens ont fait le black-out complet, et qu’il était pratiquement impossible de faire arriver l’information réelle au public. On lui répondait que ce qui se passait au Donbass était un « fake de la propagande russe ». Dernièrement, elle a appris qu’elle ne pouvait pas rentrer chez elle, parce qu’elle était menacée d’arrestation. On l'accuse de "recevoir un salaire de Poutine" (c'est le cas de tous ceux qui vont à l'encontre de la doxa) et aussi d'avoir organisé, à la demande de leurs parents, un transfert de gosses du Donbass vers la région russe plus sûre de Rostov. Elle s’est retrouvée à Moscou, avec sa valise, elle est hébergée chez des amis. Elle a six enfants là bas, et elle est coincée ici. 

L’autre étranger est un Américain d’excellente famille wasp, son père était correspondant d'Associated Press à Moscou, lui-même parle un russe impeccable, il a travaillé à Moscou, s’y est marié, puis il est reparti aux USA, mais il avait pris la précaution de s’acheter un pied-à-terre à Moscou, ce qui lui a permis de se loger avec sa famille. En tant que journaliste pro russe et partisan de Trump, qui a filmé ce qui s’est réellement passé au Capitole au moment de l’élection frauduleuse de Biden, il est tombé victime du maccarthysme délirant qui règne dans son pays et tout l’Occident, et craignant lui aussi d’être arrêté, comme plusieurs des personnes qui en avaient été témoins, il s’est enfui en une semaine. Il se sent chez lui en Russie, et explique que la liberté, maintenant, c’est ici, et non plus chez lui, mais qu’il souffre d’être exilé et voudrait pouvoir être utile à son pays, dont il se sent toujours patriote. Il est orthodoxe. «La guerre en Ukraine a paradoxalement augmenté le capital de sympathie pour la Russie auprès des Américains, a-t-il expliqué, ils se rendent compte qu’on leur raconte des histoires, que tout cela est monté de toutes pièces. En ce qui me concerne, je souffre d’être exilé, mais je suis intérieurement apaisé de me trouver ici dans le juste camp, je suis écoeuré du degré de fourberie et de mensonges de la classe politico-médiatique en Amérique, le mensonge vient du diable. » Il considère que le gouvernement américain est l’ennemi de son propre peuple. Comme en France.

Le troisième est un Anglais fortuné, entrepreneur, qui a repris avec amour la direction de l’usine de montres soviétiques Raketа, et met un point d’honneur à faire de la fabrication russe, du design russe, et à faire travailler des Russes, ce qui n'a pas toujours été bien compris ici, au départ. Le mépris des Russes pour leur propre culture le choque autant que moi. Il n’envisage pas de repartir, et à propos des expats qui l’ont fait, déclare : «On les a obligés à le faire, aucun de ceux que je connais ici ne l’aurait fait volontairement ou parce qu’ils se sentaient menacés ici. »

Un jeune journaliste est mort subitement, et un de mes amis a publié que cela commençait à bien faire, que de tous côtés, dans son entourage, mouraient comme des mouches des gens de trente-cinq ou quarante ans. J’ai un exemple parmi mes connaissances, mais je ne sais pas s’il était vacciné, une force de la nature, il est mort terrassé en une minute par une thrombose. Un autre ami, très âgé, a développé une leucémie foudroyante, ce qui m’étonne, dans la mesure où plus on est vieux, moins les cancers sont foudroyants, lui non plus, je ne sais pas s’il a été ou non piquouzé. Mais voilà que sur un site d’aide à divers malades, je vois un type de trente ans frappé par cette maladie bizarre, le syndrome de Guillain-Barré, qui, en France, sévit chez les vaccinés en tant qu’effet secondaire. De sorte que non, le vaccin russe ne semble pas avoir été un placebo, et je ne comprends absolument pas comment on a pu l’imposer à la population dans le contexte. Dès le départ de cette affaire, cela m’a terriblement inquiétée, avec le cirque des masques, le patriarche en larmes interdisant la Pâque et le métropolite Tikhon de Pskov exhortant ses ouailles à courir se faire injecter si elles ne voulaient pas mourir par millions. Toutes les déclarations que l’on prête à Poutine, depuis l’intervention russe, j’ai tendance à les relativiser, car elles peuvent relever de la «diplomatie », après tout, « l’Occident collectif », c’est la fourberie incarnée. Mais qu’il ait marché dans cette combine, je n’ai jamais pu le comprendre, et c’est ce qui me terrifie le plus. Ici, on a peut-être toujours la tendance soviétique progressiste à penser que le vaccin, c’est le salut, cela a peut-être été vrai un temps, cela ne l’est plus aujourd’hui, et au niveau du gouvernement, est-il possible qu’on ne s’en rende pas compte ? Comment concilier l’imposition à la population d’une saloperie mafieuse étrangère, qui a toutes sortes de conséquences tragiques, avec des discours d’indépendance nationale et une politique nataliste déterminée ? Et qui plus est, d’après Karine Bechet-Golovko, des corrompus de service essaient de faire repartir le truc, je ne pense pas que cela va tellement marcher, cette fois, et heureusement. D’ailleurs, la première fois, cela n’a pas marché aussi bien qu’en France, ici, c'était parfaitement supportable. 

Notre évêque Théoctyste et l’higoumène Pantaleimon étaient des partisans convaincus de la campagne sanitaire à la gomme, malgré leur grande intelligence. Ce sont des scientifiques, la science, c’est la science, qu’elle soit gangrénée par le fric mafieux et les dingues mondialistes n’effleure sans doute pas leurs esprits intègres... car c'est bien connu, c'est du conspirationnisme.

Quelqu’un a publié un dessin que je vois passer depuis quatre ans, seul le numéro de l’année change. Je pense souvent aux bacchanales de « l’an 2000 », tous les cons qui pensaient voir s’ouvrir devant eux l’avenir radieux prédit depuis 200 ans et des brouettes par les bonimenteurs du progrès exponentiel. Et nous voilà dans le « Meilleur des Mondes », il est vraiment super, en effet. On se demande toujours ce que le cancer qui nous rampe dessus va inventer pour nous détruire, on grille ici des métastases, les voilà qui ressurgissent ailleurs. On a l’impression d’un mal inlassable, déchaîné, qui ne recule devant aucune vilenie ni aucune cruauté, qui exploite, menace et pervertit tout, fait la guerre aux enfants en période de Noël, comme le tsar Hérode, bombardant les sapins et les centres commerciaux. Si je n’avais pas eu mon petit miracle de l’Archange saint Michel pour me remonter le moral, j’aurais tendance à considérer le nouvel an comme les gens du dessin.



A propos de Meilleur des Mondes, ce livre qui m'avait terrifiée quand je l'avais lu, à seize ans, c'est aussi le titre d'une revue où l'on retrouve tous les idéologues qui nous l'ont préparé, ce Meilleur des Mondes, ils le chérissent, ils le revendiquent, c'est le leur. Considérons chacun d'eux comme notre ennemi implacable et mortel. Car c'est bien le cas. Je nous souhaite à tous le secours vigilant de l'Archange Michel qui terrasse les démons. Nous en aurons bien besoin.

 https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Meilleur_des_mondes_%28revue%29

En Russie, les orthodoxes partent en guerre contre le "jour de l'an", qu'on a substitué à Noël à la période communiste, et qui vient perturber le carême de l'Avent. Cette année particulièrement, car c'est "l'année du dragon" chez les Chinois, et bien que nous ne soyons pas chinois, on fête chaque année toutes sortes de bestioles. Cette fois, le dragon a du mal à passer. Car c'est pour nous, un symbole démoniaque, que saint Georges foule aux pieds sur toutes ses icônes. L'environnement grouille de dragons rose bonbon, bleu ciel, dorés, argentés, irisés, avec de grands yeux bêtes, c'est un déchaînement de kitsch dégoulinant. J'ai eu droit à mon dragon adhésif au supermarché du coin, on m'a offert une serviette avec un dragon bleu des mers du sud, et des amis peu orthodoxes m'en ont même envoyé de fort artistiques, ce qui m'a valu d'être remise en place par des destinataires purs et durs à qui je les avais bêtement adressés. Aussi n'envisageai-je plus le dragon que sous une forme, comme dit le père Anton, "adaptée au monde russe", le chachlik! Puissions-nous avoir une année sans dragon. Celui qui nous gâche la vie a un corps de plusieurs siècles, et des têtes qui repoussent sans cesse, puisse-t-il terminer comme celui de saint Georges.




samedi 30 décembre 2023

Tyrannie

 


Nicolas Bonnal a envoyé un article dans lequel il y a plusieurs citations sourcées de Poutine attestant son intention de nous coller dans la dictature numérique. Karine Bechet-Golovko est aussi très inquiète à ce sujet. J’ai vu de mon côté un article sur les nano-robots qui peuvent pénétrer jusqu’à notre cerveau et être télécommandés par des personnes malveillantes, qui prendraient le contrôle de notre corps sans que notre volonté pût s’y opposer. C’est drôle, je suis parfois aussi très inquiète, mais il y a des contradictions, des paradoxes, en Russie, qui nous mettent quand même à part du processus global. D’abord Poutine encourage la natalité et se montre économe de la vie de ses soldats, il est évident qu’il ne cherche pas la disparition du peuple russe, même si, à l’intérieur du pays et même des structures de l’état, il peut y avoir des sympathisants ou des agents mondialistes. Un ami me disait que bien souvent, il fait semblant, que pour le Covid, par exemple, il a préféré ne pas provoquer l’hydre sataniste trop tôt, car elle est infiltrée partout, c’est une tunique de Nessus, très douloureuse à arracher. Cela me paraît possible, car il fait réellement trembler l’Occident sur ses bases, il a réellement provoqué dans le monde un changement de paradygmes. S’il était absolument raccord avec la clique horrible de l’empire anglo-sioniste, pourquoi en serait-il tellement détesté, pourquoi leur ferait-il la guerre ? Apparemment, on commence ici à réagir contre l’immigration musulmane massive et problématique. Contre la dissolution des moeurs, importée également, comme partout. La récente orgie filmée de pitoyables et odieux représentants du show-biz, de la scène, de la presse et de la politique passe très mal la rampe, et des sanctions vont être prises. C’est que tout le reste du pays est mobilisé par la guerre, rassemble de l’aide humanitaire, confectionne des bougies blindées et des filets de camouflage, recueille de l'argent, achète des médicaments, tandis que des traîtres débauchés richissimes et vulgaires se rassemblent à poil et brandissent des bouteilles de champagne à mille euros, ça la fout plutôt mal.

Dany me dit que tout est faux, tout est jetable, même les gens, et qu’une telle civilisation ne pourra pas durer longtemps, même pas dix ans. Elle est trop monstrueuse. Je crois aussi qu’elle ne durera pas longtemps, même ceux qui nous l’imposent commencent à le craindre, et d’après Philippot, ils s’enterrent déjà dans leurs bunkers, que tout cela est donc terrifiant et répugnant à la fois... Oui, parfois on souhaite désespérément une issue normale et, si je peux avoir encore l'espoir de mourir à peu près tranquille, ce qui n'est pas sûr, je ne peux considérer pour autant avec indifférence le destin de ceux qui sont jeunes, de ceux qui grandissent maintenant, dans un monde qui ne leur permettra pas de garder ni d'épanouir leur âme et les fera vivre comme les malheureux animaux exploités dans des fermes usines. Comment a-t-on pu concevoir un monde pareil, et comment a-t-on pu l'accepter et croire aux boniments de ceux qui nous l'ont installé? Il ne durera pas, certes, car il contredit tout ce qui est vital, organique, sain et sacré. Mais quelles affreuses péripéties nous fera traverser l'agonie de ce monstre hagard et tonitruant, de plus en plus violent et pervers? J'ai parfois peur que notre présent étouffant et anxiogène ne nous apparaisse comme une période bénie, dans quelques années, si rien ne vient arrêter le processus où nous sommes engagés.

J’ai vu une vidéo de deux heures d’un jeune homme érudit nommé Jean-Maxime Corneille. Il fait remonter tout cela à la Renaissance, ce dont je suis persuadée depuis longtemps, mais il rappelle des faits et des imbrications historiques qui donnent une structure à mes intuitions. Il rapproche le protestantisme de l’expulsion des juifs du Portugual et de l’Espagne vers les Pays-Bas, l’Allemagne, l’Angleterre, et de la naissance du capitalisme, de l’usure, quand les gouvernements deviennent peu à peu les colonisateurs malveillants de leur propre peuple. C’est d‘ailleurs le moment où la culture et le mode de vie des classes dirigeantes commencent à se dissocier de ceux de leur population, dont elles s’isolent de plus en plus, que ce mépris croissant et cette ignorance d'esprits forts profanateurs se traduisent par la condescendance ou la brutalité. 

https://www.youtube.com/live/Zm-6kzDtlCI?si=QoSRVA6X53AbOpFc 

Pour l’instant, ici, la tyrannie numérique n’est pas trop tyrannique. Bien sûr que potentiellement, on peut nous l’installer, mais on ne l’installe pas vraiment. Même à la Sberbank, où une jeune fille est préposée aux explications et dirige les vieux perdus vers le bon guichet. On a, pour l’instant, toujours accès à un interlocuteur humain, si cela est nécessaire. Au moment du covid, dans l’ensemble du pays, tout le monde faisait semblant. Faire semblant pour avoir la paix, c’est le sport national, l’entraînement est séculaire, il y a des moments où je me demande si le président lui-même n’en est pas le champion toutes catégories.

J’espère ne pas me tromper. Mais mon aventure avec les cosaques et l’icône de saint Michel me donne beaucoup d’espoir. Mon amie Ania m’a dit que d’ailleurs, au Donbass, on voyait pas mal de miracles liés à saint Michel, de conversions de soldats qu’il a secourus. Elle m’écrit :

Oui, Laurence, je pense que le Seigneur vous a enracinée en Russie, il vous a transplantée, comme son greffon bien aimé, sur un terrain non seulement russe mais orthodoxe. Bien sûr, même dans les pays non orthodoxes vivent des orthodoxes, des gens qui prient, des paroisses entières, mais vous avez poussé dans le plus profond de l’existence russe, de son espace, et vous rendez à ceux qui sont nés sur cette terre leur propre culture, leur russité, pas seulement dans ses formes extérieures, mais dans ses sens profonds. Et cela est, je pense, bien démontré par cette histoire avec l’icône.

 Лоранс, да, думаю, Господь Вас укоренил в России, пересадил, как любимое Своё прозябение-древо, не просто на русскую, но православную почву. Конечно, и в неправославных станах живут православные люди, молитвенники, целые приходы, но Вы проросли в самую глубину русского бытия, пространства и возвращаете рожденным на этой земле людям их собственную культуру, русскость не во внешних формах только, а в глубинных смыслах. И это, думаю, зримо показала сия история с иконой.

J'ai confiance en Dieu et en la Russie, capable d'engendrer encore des gens comme ces cosaques qui ont apporté mon icône au père Nikita; le père Nikita lui-même; Ania Ossipova; Sacha Viguilianskaïa, qui fait des miracles dans le village d'où sa famille est originaire. J'ai confiance en ce que gardent tous ces gens de vital, d'humain, d'altruiste, de pur. 

Je viens de voir témoigner un cosmonaute croyant, devenu sonneur de cloches. Il considère son métier comme un service divin. "Qu'est-ce qu'un service divin? demande-t-il. C'est toute espèce de service qui est orienté vers Dieu." Et il précise que sur un clocher, comme dans le cosmos, on ne peut rien emporter de négatif avec soi. Dieu abandonnerait-Il un tel homme et ceux qui lui ressemblent?

https://nicolasbonnal.wordpress.com/2023/12/30/le-cauchemar-mondialiste-et-technologique-se-precise-ia-partout-elon-musk-montre-son-visage-patelin-lui-dont-les-gosses-ont-des-prenoms-de-robots-et-qui-a-trompe-une-armee-de-couillons-locaux-arge/comment-page-1/?unapproved=13866&moderation-hash=89d11935f103d0d93b0b04fd9f0cb477#respond

mercredi 27 décembre 2023

Le voyage de l'icône

 


Ce matin, je suis allée porter chez les cosaques des victuailles pour les soldats, des cartes postales de bonne année, et des affaires pour les réfugiés. Il n'y avait personne, et je m'apprêtais à quitter le local, quand Tania a surgi toute excitée: "Laurence, Laurence, attendez! Pacha! Venez, Laurence est ici!" 

Je vois arriver un cosaque barbu qui me serre sur son coeur. C'est celui qui a porté l'icône de l'Archange Saint Michel au père Nikita. "C'est incroyable, me dit Tania, cette icône est restée des mois ici avant qu'on ne se décidât à l'emporter, et les gars ne voulaient pas aller à Donetsk, ça leur faisait un trop gros détour, et c'était trop dangereux. Et ils voulaient la remettre en mains propres.

- On a déballé l'icône, ajouta Pacha, et on a vu que ce n'était pas un modèle ordinaire, alors on a fait des recherches, et l'histoire de ce miracle m'a particulièrement touché, parce que je suis un ancien païen. Alors nous avons prié devant et décidé de la prendre avec nous, et même nous l'avons mise contre le pare-brise, pour qu'elle nous protège en route, et elle nous a protégés; nous sommes arrivés chez le père Nikita, qui nous a si bien reçus, et cela a créé des liens entre nous. Maintenant, là bas, on tourne un film sur notre aventure avec l'icône, et quand à moi, j'aimerais faire un reportage sur vous, pour parler non seulement de l'icône et de votre destin, mais aussi des étrangers qui viennent ici, car il y en a de plus en plus, j'en vois beaucoup à Iaroslavl, il y en a qui me contactent, et d'après ce que je sais, vous aussi."

J'écoutais cela sidérée, la larme à l'oeil, avec l'impression d'être complètement dépassée par ce qui s'était produit avec mon icône et même d'en être profondément indigne. Quand je l'avais confiée aux cosaques, je pensais qu'ils la laisseraient aux soldats de notre garnison, que le père Nikita viendrait la récupérer quelque part, je n'avais pas imaginé qu'ils allaient spécialement se lancer dans un périple dangereux, avec l'icône sur leur pare-brise, comme de preux cosaques qu'ils sont. 

Et si j'avais l'intention d'aller un jour voir avec eux le père Nikita, j'ai compris que ce n'était pas réaliste: on risque de sauter sur une mine quand on descend du camion faire pipi, des drones voltigent ça et là, des canons tonnent, bref, la guerre. Le seul moyen de parvenir là bas dans des conditions normales, c'est l'autobus à partir de Moscou. Ils prennent vraiment des risques, nos cosaques. En plus de l'icône, on ne peut pas leur demander d'acheminer une grand-mère!

Pour ce qui est des étrangers, oui, il y en a de plus en plus qui me contactent, et visiblement, pas seulement moi. L'aventure de l'icône et des cosaques me laisse à penser qu'ils n'ont pas tort. Au niveau de Moscou, il ne se passe pas toujours des choses très enthousiasmantes. Il y a, comme en France, toute une faune politico-médiatique et pseudo-artistique consternante, une sorte d'écume vaseuse, mais le peuple russe, c'est le peuple russe, et malgré toutes les séquelles culturelles et spirituelles du dernier siècle, il reste étonnement pur, généreux, brave, et pour cela, je pense que Dieu est avec lui, et l'Archange Michel, chef des armées célestes, qui a accompagné mes cosaques jusqu'au père Nikita.

Ils n'ont aucune haine envers les Ukrainiens, ils ont de la compassion. Ils savent que ce qui les a rendus fous est aussi à l'oeuvre ici, et partout, et c'est contre cela, qu'ils luttent, contre ceux qui servent ces forces, consciemment ou non. C'est cela le plus important, quelles que soient les comportements en haut lieu.

Pour moi, je pensais ces derniers temps qu'une fois achevés mes souvenirs d'enfance, je me consacrerais à la poésie et aux icônes, eh bien, il me semble que c'est certainement ce que je ferai, pour le temps qu'il me reste à vivre.







Удивительным образом Господь сводит меня с потрясающими людьми. Каждое такое знакомство – настоящее чудо. У меня появилось много друзей по всему миру. Мы дружим семьями и молимся друг за друга, несмотря на расстояния. Так у меня есть друзья из Италии, из Англии, из Германии, из Украины, из Молдавии и многих других стран.

 

А на днях я познакомился с очаровательной женщиной, француженкой, Лоранс Гийон. Лоранс – писатель, переводчик, художник, иконописец. Она прекрасно, с лёгким французским акцентом, что придает ей особый шарм, говорит на русском.

 

Ее знакомство с русским миром началось, когда ей было всего 15 лет, с прочтения романа Ф.М.Достоевского "Преступление и наказание". А в 18 лет, прочитав "Братья Карамазовы", Ларанс приняла православное крещение. Ее семья, католики, восприняли это как детскую прихоть, но со временем поняли, что всё серьёзно и навсегда.

 

Лоранс полюбила Россию настолько, что переехала сюда жить. Она купила дом в Ярославской области, между Москвой и Ярославлем, в прекрасном городе Переславль-Залесский.

 

Моё знакомство с Лоранс началось совсем недавно. Три недели назад я поехал на СВО к брату, отвозить баню и другие подарки, и по пути я не мог не заехать в казачий штаб к своему брату во Христе, атаману Дмитрию. Мы выпили по чашечке кофе и я уже начал собираться в путь, как Татьяна (жена Дмитрия) вспомнила про икону, которую нужно отвезти в Донецк и передать одному хорошему человеку. Этим человеком оказался отец Никита (благочинный). А написала икону – Лоранс. Но тогда я не был знаком ни с кем из них и даже не догадывался, какой сюрприз приготовил мне Господь.

В тот день Дима и Таня вручили мне икону в дорогу, мы помолились и я отправился в долгий путь. Господь был посреди нас, я это чувствовал. Мы доехали до Луганска и передали всё моему брату. Уставшие, от проделанных трудов, мы выдвинулись в сторону Донецка, в город Докучаевск, где нас должен был встретить отец Никита. В кромешной темноте, долго плутая из за неработающего навигатора, мы увидели в далеке свет от фонарика – это был батюшка Никита.

 

Добродушный и гостеприимный, отец Никита накормил нас от души. Затем мы долго беседовали. Всем хотелось спать, но жажда общения была сильнее. Перед сном, отче сразил нас наповал... Он принес музыкальный инструмент, колёсную лиру, и исполнил такую пронизывающую до глубины души песню... а потом ещё одну, и ещё... Песни были такими сильными, глубокими. До слез. Вот она русская душа.

 

А потом батюшка удивил ещё больше...

 

Впрочем, об этом я расскажу как нибудь потом, когда оператор смонтирует видео о нашей поездке. Сложно всё передать словами.

 

Скажу лишь одно, это необыкновенное знакомство и оно произвело на меня неизгладимое впечатление! Эта встреча была для меня очень важна! Господь в тот день на многое открыл мне глаза. Я благодарен Богу и отцу Никите за всё!!! Ну и конечно же, эта встреча не была бы возможной без Дмитрия и Татьяны, которые доверили мне отвезти икону, а также без Лоранс, которая эту самую икону написала.

 

Батюшка в тот день рассказал о Лоранс, о том что она удивительная женщина и я понял, что хочу с ней познакомиться.

 

Долго ждать не пришлось! И вот мы с Лоранс знакомы лично! О нашей встрече, о том как она случилась, я тоже напишу в отдельном посте, потому что это тоже чудо!

 

А ещё мы с Лоранс запишем для вас видео, где она расскажет о себе и о том почему она переехала в Россию. Уверяю вас, будет интересно!



dimanche 24 décembre 2023

Météo

 Week-end pieux, je suis allée aux vigiles, me confesser à notre évêque, qui s'est exclamé: "Je ne vous avais pas vue depuis un siècle!" Ce qui est presque vrai. Puis ce matin, je suis partie à l'aube ou plus exactement avant l'aube, le jour se levant beaucoup plus tard que moi, à la liturgie. C'était notre père Vassili, et j'ai appris avec consternation qu'il était muté à l'eglise des Quarante Martyrs, qui est très bien, mais, me suis-je écriée, on ne peut pas se garer, là bas... Cela a fait rire une jeune femme du choeur, mais quand on a du mal à marcher, que l'hiver, on risque de rester coincé par les congères et l'été par les touristes, ça fait réfléchir, on voit bien que cette charmante personne n'a pas encore idée de ce qu'est la vieillesse!. Au début de l'office, j'avais la larme à l'oeil, je pensais aux miens, d'autant plus que j'écris mes souvenirs d'enfance: à maman, à Pedro, à mes grands-parents et mes tantes, à la France d'alors. Et puis il m'est venu une douce sérénité, comme si quelqu'un de grand posait ses mains sur mes épaules.

Qui est la vieille du centre en kaki?

le père Vassili




















J'ai l'air d'être obsédée par la météo, je ne sais plus quel écrivain critiquait les remarques météorologiques chez les auteurs de journaux littéraires, on voit bien qu'il n'habite pas en Russie. Il nous tombe une neige mouillée et lourde en quantité hallucinante, qui se transforme en glace, et j'ai dû aller secouer les branches du génévrier et du thuya d'en face, pour éviter qi'elles ne cassent. sinon, pour l'instant, c'est très joli, nous voilà dans une sorte de contrée fantômatique et immaculée, où l'on s'attendrait à voir errer des âmes en partance pour l'une ou l'autre direction que toutes doivent prendre un jour ou l'autre sans alternative. J'ai fait une escale au café, et pataugé pour y parvenir dans une bouillasse indistincte et des flaques qui demain feront un verglas admirable. En entrant, j'ai déclaré que j'aurais dû aller m'installer en Crimée, ce qui a fait rigoler un client, eh bien oui, monsieur, j'ai grandi entre Lyon et Marseille, figurez-vous...
En consultant mon téléphone, j'ai vu que Katia, que je n'ai pas croisée depuis un sacré bout de temps, me conviait à déjeuner avec elle au "Hérisson Repu", trop tard, et puis le "Hérisson Repu" étant relativement loin des parkings, enfin loin quand il fait un temps pareil, je ne me voyais pas tituber sur 300 m pour aller la rejoindre.
La météo joue un rôle énorme dans notre vie ici, et même sur notre état de santé, mais de toute façon, j'assume mon intérêt passionné pour tous les phénomènes qui y sont liés, dans la correspondance de Flaubert, j'aime lire que tel jour il se caillait tellement qu'il avait allumé un feu et autres considérations du même genre destinées à Georges Sand, qui lui répond de la même manière, ce qui me rend leur époque tout à coup si présente. Je ne vois pas pourquoi la météo ferait moins partie de notre vie que les nouvelles du jour, la dernière chose que j'ai encore regardée à la télé, avant de m'en débarrasser, c'était le bulletin météorologique, dernier endroit exempt de propagande, mais depuis, on y a mis bon ordre, avec le "réchauffement climatique"!
Ca y est, nous avons passé le solstice, désormais, chaque jour sera un peu moins ténébreux que le précédent, cette idée est tout de même réconfortante.
Le père Nikita m'a envoyé des photos et des vidéos de sa crèche, à la bibliothèque de Donetsk, la crèche étant en Russie un petit spectacle qui raconte la Nativité avec des chants. Quelle ne fut pas ma surprise de voir là au milieu Erwan Castel, qui fait sur place de la réinformation depuis 2014! Il paraît que lui aussi jouait de la vielle-à-roue, avant de se faire emporter un bras.
J'ai envoyé un petit chant de Noël au père Nikita, le voici, et joyeux Noël à ceux qui le fêtent ce soir et demain.


petite carte postale de Noël locale. Un peu de soleil sur une fenêtre froide.


jeudi 21 décembre 2023

Saint Nicolas et le miracle de la station de Zoïa

 


Je pense qu’après tout ce froid et ces tonnes de neige en décembre, nous allons avoir le mois de mars tout le reste de l’hiver, et la patinoire permanente. Cela me consterne. Vraiment, en venant m’installer au nord de Moscou, je n’ai pas choisi la facilité...

Pour l’instant, c’est joli, il tombe une neige collante qui nappe toutes choses, les moindres rameaux, les branches sombres des thuyas, mon genevrier est particulièrement joli quand il est enneigé, je regrette de ne pas avoir dès le départ planté des genevriers à la place des thuyas, c’est vraiment ravissant, souple, avec une couleur un peu bleutée, mais pas trop, cela ne vient pas trop gros. Mes thuyas ne sont pas affreux, du reste, ils me rappellent les cyprès, d’autant plus que je ne les ai pas mis en haie compacte, mais ponctuellement. Suzanne, la copine des Leroy, m’a dit que cela venait jusqu’à vingt mètres, mais j’ai regardé dans les descriptions botaniques, on parle de quatre à six mètres, et j’espère que c’est vrai. Cela dépend peut-être des variétés.

Depuis que les buissons ont poussé et que je ne coupe plus les fleurs en automne, pour me souvenir de leur emplacement, mon jardin est joli même en hiver, il offre au regard toutes sortes de structures aériennes que décorent la neige et le givre et qu’animent de nombreux oiseaux. La partie en voie de défiguration de l’isba d’en face devient invisible de ma fenêtre et de ma terrasse. Je crois que d’ici deux ou trois ans, je ne verrai plus trop les horreurs actuelles ou potentielles. J’aurai aussi beaucoup de taillis, de buissons fleuris qui prendront la place des massifs et de l’herbe. Je serais dans un autre environnement, que j’aurais laissé plus dégagé, bien sûr. Encore que finalement, je ne raffole pas de la pelouse, le tapis vert tondu à mort avec les massifs idiots. L’herbe va finir par se limiter à des chemins plus ou moins larges allant d’un groupe de plantes à l’autre. J’essaie de garder une ouverture qui me permette de regarder le ciel depuis ma terrasse, du côté de la maison d’Ania, qui n’est pas menacée pour l’instant, de toutes façons, là, je ne peux pas planter grand chose.

Ce que je redoute plus, maintenant, c’est la pollution sonore, les radios qui dégueulent de la merde et les motos des petits cons qui tournent en boucle.

J’ai vu plusieurs émissions sur un miracle qui a eu lieu à Samara dans les années cinquante, en pleine persécution religieuse Khroutchev. C’était instructif à plus d’un titre. D’abord, rappel de l’idéologie communiste, Khroutchev avait promis de présenter le dernier pope à la télévision, le communisme était à l’horizon proche, les gosses systématiquement transformés en petits komsomols ricanants et redresseurs de torts à qui on promettait l’immortalité, fruit des progrès de la science. Ce qui rejoint tout à fait le cocopitalisme transhumaniste qui sévit en occident et amorce d’ailleurs la spioliation des petites gens au profit d’une caste de surhommes, seuls dignes de posséder quelque chose.



Sur ce fond, une jeune fille élevée par le régime, au cours d’une soirée d’anniversaire, comme son copain n’avait pas pu venir et qu’on dansait en couple, a pour faire la maline pris sur le mur une icône  oubliée de saint Nicolas et s’est mise à danser avec elle. Là dessus, on a vu comme un éclair, et la fille est restée figée avec l’icône, incapable de bouger, collée au plancher, pendant plusieurs jours. L’événement a eu un grand retentissement. Beaucoup de gens se sont alors convertis, dans l’atmosphère de persécution religieuse, les églises disponibles et les croix de baptême n’y suffisaient pas. Le pouvoir a aussitôt pris des mesures, la maison est devenue inaccessible, et les choses ont été si embrouillées que cela complique les enquêtes contemporaines. On dit qu’au bout d’un certain temps, un starets est venu lui enlever l’icône, ce que personne n’avait pu faire, la délivrant de sa stupeur, en lui disant : « Eh bien, tu es fatiguée ? » Ce starets, pour certains, serait saint Nicolas lui-même. Ou un starets local. Ou un jeune moine. La jeune fille délivrée dit à tout le monde en pleurant : « Repentez-vous, repentez-vous ». Elle raconta que pendant sa longue station, elle était entourée de flammes et nourrie par des oiseaux célestes. On l’enferma dans un hôpital psychiatrique. L’enquête de la chaîne orthodoxe SPAS dit que cette station n’a pas duré trois mois mais une semaine. Je ne doute pas que cet événement ait eu lieu, ne serait-ce que parce que les journaux ont été obligés d’en parler. Qu’on ait enjolivé, c’est possible. C’est toujours comme cela.

Comme d’habitude, il y a des commentaires d'anciens komsomols purs et durs, ou de leurs descendants. L’un d’eux explique que la schizophrénie peut provoquer ce genre de catalepsie, oui, d’accord, mais en l’occurrence, il ne s’agissait pas d’une schizophrène, ni même d’une jeune bigote exaltée, c’était une komsomole ricanante et un esprit fort, de l’espèce du commentateur, elle faisait une joyeuse bringue avec des copains. Et elle est restée clouée au sol je ne sais combien de jours, collée à l’icône et muette. Ces gens me rappellent les gauchistes des années soixante-dix. Les woke d’aujourd’hui, comme cette fille déchaînée qui se jette sur Vincent Lapierre pour l’empêcher de faire son reportage, sous prétexte qu’elle le considère comme un facho, alors qu’il est respectueux envers tout le monde. Ou les Ukrainiens militants.L’important pour eux est de s’insinuer partout, pour redresser les torts, dénoncer, injurier, assourdir et surtout empêcher de parler. Curieusement nous, les fachos, les réacs, les obscurantistes et les contras, nous n’allons pas sur leurs sites favoris faire du scandale, nous savons trop bien qu’à part les clouer au sol huit jours au milieu d’un cercle de flammes avec l’icône de saint Nicolas, il n’y a rien à tirer d’eux. Mais eux, ne peuvent rester tranquilles, notre existence même ne leur laisse pas de repos.

Saint Nicolas est quasiment le protecteur de la Russie, dans la Russie ancienne, les étrangers s’étonnaient de l’extraordinaire ferveur du peuple pour saint Nicolas, qu’ils appelaient le "dieu russe". Ce qui donne à l’événement un sens particulier, et me fait réfléchir à l’irruption de cette icône, que j’ai recueillie, abandonnée sur l’étagère des objets à donner, dans notre cathédrale, comme si elle n'attendait que moi. Je lui trouve une grande présence, et du coup, je prie aussi saint Nicolas. C'est comme s'il m'avait adoptée.





Dans le même ordre d'idées, j'ai vu un documentaire sur le Donbass intitulé "la guerre sainte" qui met l'accent sur le caractère avant tout spirituel du conflit et remet bien, c'est le cas de le dire, les églises au milieu des villages, dommage qu'il ne soit pas sous-titré et que je n'ai plus les moyens techniques de le faire. Je vois beaucoup de correspondances entre l'attitude du gouvernement ukrainien, dans les procédés, la nature et l'origine des protagonistes, et celui de l'URSS, surtout des débuts de l'expérience, mais le gros barbare Khroutchev, en poste au moment de la "station de Zoïa", en était un pur produit, et en plus, il était ukrainien lui-même. Dans ce documentaire, on rappelle ce que je savais déjà, que le faux patriarche Philarète avait lancé cette affaire de patriarcat de Kiev parce que, contrairement à ses attentes, il n'avait pas été élu patriarche de Moscou, ce qui se serait produit, s'il n'y avait pas eu la perestroïka à ce moment-là. C'est-à-dire qu'en gros, déçu par le KGB, il s'est tourné vers la CIA, mais c'est toujours le même diable, seules les casquettes changent.. 

On redéfinit bien aussi les notions d'Ukraine et d'Ukrainiens, et tout cela est fait par des prêtres et des fidèles locaux, l'un d'eux rappelle le rôle de l'uniatisme, ce cheval de Troie des Polonais contre les orthodoxes, destinés à détacher de la Russie les parties de la Biélorussie et de l'Ukraine actuelles qui étaient sous leur contrôle. Et comment Jean-Paul II a soutenu cette caricature d'orthodoxie papo-compatible, et le nationalisme ukrainien, lequel est avant tout un nationalisme galicien, concernant l'ouest du pays, tout ce qui était sous le contrôle des austro-hongrois et des Polonais. La persécution des orthodoxes sévissait déjà alors à plein régime. Le rôle également des sectes, que les Américains favorisent, et qu'ils avaient lâchées sur la Russie des années quatre-vingt-dix, mais auxquelles la législation avait mis un coup d'arrêt en n'autorisant sur le territoire russe que les religions traditionnelles, soit le christianisme, le bouddhisme, l'islam et le judaïsme. Le prêtre explique que l'Ukraine, la sienne, est comparable à ce qu'est la Bavière pour l'Allemagne: une région russe qui a sa culture, son coloris particulier. Il souligne qu'elle est très différente, par la mentalité, de l'Ukraine uniate, beaucoup plus agressive et vindicative. Du reste, explique-t-il, personne ne profane au Donbass les tombes des soldats ukrainiens qui se trouvent maintenant sous contrôle russe. Alors qu'en Ukraine de l'ouest, les monuments et les tombes sont profanés, et l'on s'attend à les voir s'attaquer aux fosses communes de la dernière guerre. 

Une vieille dame qui fait preuve d'une grande culture religieuse, observe à propos des persécutions endurées maintenant par l'Eglise ukrainienne du métropolite Onuphre et ses hiérarques: "Il faut quand même dire qu'ils n'ont jamais condamné la guerre au Donbass, et maintenant, ils le paient". Or en effet, si, comme me l'a rappelé Ivan Illitch Takhtiour, ils ont condamné la Russie, l'Eglise russe et son patriarche au moment de l'intervention, ils n'ont jamais expréssément condamné les bombardements et les atrocités pratiquées au Donbass depuis dix ans. Cette Eglise du métropolite Onuphre que les joyeux orthodoxes français, souvent d'origine russe,  présentent comme "soviétique" pour justifier le traitement qu'on lui fait et le tour de cochon que lui a joué le patriarche de Constantinople. Pourtant, le patriarche Cyrille a  défendu de critiquer le métropolite Onuphre, et tout le monde en Russie compatit et soutient, moi la première. Tout le monde comprend la difficulté de sa position, et aussi sa grande qualité spirituelle et humaine, tout le monde admire la ferveur et le courage de l'Eglise ukrainienne persécutée. Tout le monde se souvient précisément de ce qui se passa en Union Soviétique, et sait ce que ce genre de persécution signifie. Le métropolite Onuphre ne voulait pas entrer dans le jeu politique, et disait ne pas faire de différence entre ses fidèles. A mon avis, ce n'étaient pas tellement ses fidèles qui allaient bombarder les quartiers d'habitations du Donbass, les hôpitaux et les jardins d'enfants, et faire des cartons sur les grands-mères qui sortaient dans leur potager. Les bataillons punitifs étant plus souvent néopaïens ou uniates, ou pseudo-uniates de la mouvance Philarète ou Epiphane...

Enfin toujours est-il que ne pas avoir condamné les exactions au Donbass, mais avoir condamné l'intervention destinée à y mettre fin, n'a pas empêché les diables à l'oeuvre de se déchaîner plus que jamais, dans la violence, la fourberie et la calomnie. Le starets Zossime de Donetsk avait recommandé, dans ses prédictions, de se cramponner à l'Eglise russe.