Moins trente la nuit. Les animaux ont si froid que je donne même des croquettes aux pies et aux
corneilles. Les passereaux essaient d’entrer, je sais que dans les isbas
traditionnelles, ils entraient souvent dans la partie où l’on gardait les
bêtes, ou dans la véranda, j’en ai même vu, il n’y a pas longtemps, qui
hibernent dans un café, sur la route de Moscou. Mais avec mes chats, si je
laissais entrer ces petits oiseaux, ils seraient croqués en un instant.
Le bon côté de la chose, c’est que la lumière est
magnifique. Il y en a pour toute la semaine, après cela se réchauffe un peu, il
fera dans les moins quinze. Le pire est que nous avons eu, avant cela, un
redoux stupide, et tout a regelé à mort. J'ai mis des boules de Noël dans mon thuya, tellement j'en ai marre du noir et blanc.
J’ai vu hier un reportage sur trois étrangers qui vivent
en Russie. C’était très intéressant, car l’approche est souvent de nous
présenter comme des originaux, et là ce n’était pas du tout le cas. La première
est une Allemande, directrice d’un fond d’aide humanitaire, Allemande de l’est,
qui essayait de représenter à ses compatriotes ce qui se déroulait vraiment
depuis neuf ans au Donbass. Elle explique que dès le départ, les médias
européens ont fait le black-out complet, et qu’il était pratiquement impossible
de faire arriver l’information réelle au public. On lui répondait que ce qui se
passait au Donbass était un « fake de la propagande russe ». Dernièrement,
elle a appris qu’elle ne pouvait pas rentrer chez elle, parce qu’elle était
menacée d’arrestation. On l'accuse de "recevoir un salaire de Poutine" (c'est le cas de tous ceux qui vont à l'encontre de la doxa) et aussi d'avoir organisé, à la demande de leurs parents, un transfert de gosses du Donbass vers la région russe plus sûre de Rostov. Elle s’est retrouvée à Moscou, avec sa valise, elle est
hébergée chez des amis. Elle a six enfants là bas, et elle est coincée ici.
L’autre étranger est un Américain d’excellente famille
wasp, son père était correspondant d'Associated Press à Moscou, lui-même parle un russe
impeccable, il a travaillé à Moscou, s’y est marié, puis il est reparti aux
USA, mais il avait pris la précaution de s’acheter un pied-à-terre à Moscou, ce
qui lui a permis de se loger avec sa famille. En tant que journaliste pro russe
et partisan de Trump, qui a filmé ce qui s’est réellement passé au Capitole au
moment de l’élection frauduleuse de Biden, il est tombé victime du maccarthysme
délirant qui règne dans son pays et tout l’Occident, et craignant lui aussi d’être
arrêté, comme plusieurs des personnes qui en avaient été témoins, il s’est
enfui en une semaine. Il se sent chez lui en Russie, et explique que la
liberté, maintenant, c’est ici, et non plus chez lui, mais qu’il souffre d’être
exilé et voudrait pouvoir être utile à son pays, dont il se sent toujours
patriote. Il est orthodoxe. «La guerre en Ukraine a paradoxalement augmenté le
capital de sympathie pour la Russie auprès des Américains, a-t-il expliqué, ils
se rendent compte qu’on leur raconte des histoires, que tout cela est monté de
toutes pièces. En ce qui me concerne, je souffre d’être exilé, mais je suis
intérieurement apaisé de me trouver ici dans le juste camp, je suis écoeuré du
degré de fourberie et de mensonges de la classe politico-médiatique en Amérique,
le mensonge vient du diable. » Il considère que le gouvernement américain
est l’ennemi de son propre peuple. Comme en France.
Le troisième est un Anglais fortuné, entrepreneur, qui a
repris avec amour la direction de l’usine de montres soviétiques Raketа, et met un
point d’honneur à faire de la fabrication russe, du design russe, et à faire
travailler des Russes, ce qui n'a pas toujours été bien compris ici, au départ. Le mépris des Russes pour leur propre culture le choque
autant que moi. Il n’envisage pas de repartir, et à propos des expats qui l’ont
fait, déclare : «On les a obligés à le faire, aucun de ceux que je connais
ici ne l’aurait fait volontairement ou parce qu’ils se sentaient menacés ici. »
Un jeune journaliste est mort subitement, et un de mes
amis a publié que cela commençait à bien faire, que de tous côtés, dans son
entourage, mouraient comme des mouches des gens de trente-cinq ou quarante ans.
J’ai un exemple parmi mes connaissances, mais je ne sais pas s’il était
vacciné, une force de la nature, il est mort terrassé en une minute par une
thrombose. Un autre ami, très âgé, a développé une leucémie foudroyante, ce qui
m’étonne, dans la mesure où plus on est vieux, moins les cancers sont
foudroyants, lui non plus, je ne sais pas s’il a été ou non piquouzé. Mais
voilà que sur un site d’aide à divers malades, je vois un type de trente ans
frappé par cette maladie bizarre, le syndrome de Guillain-Barré, qui, en France,
sévit chez les vaccinés en tant qu’effet secondaire. De sorte que non, le
vaccin russe ne semble pas avoir été un placebo, et je ne comprends absolument
pas comment on a pu l’imposer à la population dans le contexte. Dès le départ
de cette affaire, cela m’a terriblement inquiétée, avec le cirque des masques, le
patriarche en larmes interdisant la Pâque et le métropolite Tikhon de Pskov
exhortant ses ouailles à courir se faire injecter si elles ne voulaient pas
mourir par millions. Toutes les déclarations que l’on prête à Poutine, depuis l’intervention
russe, j’ai tendance à les relativiser, car elles peuvent relever de la «diplomatie »,
après tout, « l’Occident collectif », c’est la fourberie incarnée.
Mais qu’il ait marché dans cette combine, je n’ai jamais pu le comprendre, et c’est
ce qui me terrifie le plus. Ici, on a peut-être toujours la tendance soviétique
progressiste à penser que le vaccin, c’est le salut, cela a peut-être été vrai
un temps, cela ne l’est plus aujourd’hui, et au niveau du gouvernement, est-il
possible qu’on ne s’en rende pas compte ? Comment concilier l’imposition à
la population d’une saloperie mafieuse étrangère, qui a toutes sortes de
conséquences tragiques, avec des discours d’indépendance nationale et une
politique nataliste déterminée ? Et qui plus est, d’après Karine
Bechet-Golovko, des corrompus de service essaient de faire repartir le truc, je
ne pense pas que cela va tellement marcher, cette fois, et heureusement. D’ailleurs,
la première fois, cela n’a pas marché aussi bien qu’en France, ici, c'était parfaitement supportable.
Notre évêque Théoctyste et l’higoumène Pantaleimon étaient des
partisans convaincus de la campagne sanitaire à la gomme, malgré leur grande
intelligence. Ce sont des scientifiques, la science, c’est la science, qu’elle
soit gangrénée par le fric mafieux et les dingues mondialistes n’effleure sans
doute pas leurs esprits intègres... car c'est bien connu, c'est du conspirationnisme.
Quelqu’un a publié un dessin que je vois passer depuis
quatre ans, seul le numéro de l’année change. Je pense souvent aux bacchanales
de « l’an 2000 », tous les cons qui pensaient voir s’ouvrir devant
eux l’avenir radieux prédit depuis 200 ans et des brouettes par les
bonimenteurs du progrès exponentiel. Et nous voilà dans le « Meilleur des
Mondes », il est vraiment super, en effet. On se demande toujours ce que
le cancer qui nous rampe dessus va inventer pour nous détruire, on grille ici
des métastases, les voilà qui ressurgissent ailleurs. On a l’impression d’un
mal inlassable, déchaîné, qui ne recule devant aucune vilenie ni aucune
cruauté, qui exploite, menace et pervertit tout, fait la guerre aux enfants en
période de Noël, comme le tsar Hérode, bombardant les sapins et les centres
commerciaux. Si je n’avais pas eu mon petit miracle de l’Archange saint Michel
pour me remonter le moral, j’aurais tendance à considérer le nouvel an comme
les gens du dessin.
A propos de Meilleur des Mondes, ce livre qui m'avait terrifiée quand je l'avais lu, à seize ans, c'est aussi le titre d'une revue où l'on retrouve tous les idéologues qui nous l'ont préparé, ce Meilleur des Mondes, ils le chérissent, ils le revendiquent, c'est le leur. Considérons chacun d'eux comme notre ennemi implacable et mortel. Car c'est bien le cas. Je nous souhaite à tous le secours vigilant de l'Archange Michel qui terrasse les démons. Nous en aurons bien besoin.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Meilleur_des_mondes_%28revue%29
En Russie, les orthodoxes partent en guerre contre le "jour de l'an", qu'on a substitué à Noël à la période communiste, et qui vient perturber le carême de l'Avent. Cette année particulièrement, car c'est "l'année du dragon" chez les Chinois, et bien que nous ne soyons pas chinois, on fête chaque année toutes sortes de bestioles. Cette fois, le dragon a du mal à passer. Car c'est pour nous, un symbole démoniaque, que saint Georges foule aux pieds sur toutes ses icônes. L'environnement grouille de dragons rose bonbon, bleu ciel, dorés, argentés, irisés, avec de grands yeux bêtes, c'est un déchaînement de kitsch dégoulinant. J'ai eu droit à mon dragon adhésif au supermarché du coin, on m'a offert une serviette avec un dragon bleu des mers du sud, et des amis peu orthodoxes m'en ont même envoyé de fort artistiques, ce qui m'a valu d'être remise en place par des destinataires purs et durs à qui je les avais bêtement adressés. Aussi n'envisageai-je plus le dragon que sous une forme, comme dit le père Anton, "adaptée au monde russe", le chachlik! Puissions-nous avoir une année sans dragon. Celui qui nous gâche la vie a un corps de plusieurs siècles, et des têtes qui repoussent sans cesse, puisse-t-il terminer comme celui de saint Georges.