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dimanche 10 février 2019

Pensées crépusculaires


Il y a longtemps que nous ne nous étions pas retrouvées seules ensemble, ma soeur et moi, et nous piquons des fous-rires comme au bon vieux temps. J’ai le cœur serré de la voir repartir vers l’avenir incertain de la France. Elle trouve ce qu'elle a vu, pour l'instant, de la Russie si défiguré par les constructions anarchiques et hideuses que cela ne vaut même pas la peine de recommander aux Français de venir voir. Et elle n’a pas tort, encore pittoresque il y a 20 ans, Pereslavl Zalesski ne ressemble plus à rien. «Cela me rappelle les rues des westerns, des baraques le long d’une route défoncée » me dit Martine. Elle a été emballée par le kremlin de Rostov, et ses musées, le reste, aucun intérêt. Elle trouve même que les choses vont au delà des descriptions de mon blog!
Nous y avons vu une exposition sur le rôle de la croix dans les différentes expressions de l'art populaire: elle était partout, consacrant les moindres objets du quotidien, et le berceau des enfants, lui-même symbole, avec son contenu, de l'enfant Jésus dans la crèche...
Un correspondant facebook communiste a trouvé le moyen de me dire, à propos des destructions dans le nord russe, que « l’amour du passé n’était pas dans leur culture ». En effet, il n'est pas dans la culture soviétique, celle qui l'intéresse. Du passé faisons table rase, l'Union Soviétique s'est bâtie sur l'horreur et le dénigrement enragé du passé russe, de la sainte Russie, de la Russie fantastique, féerique, celle qui sculptait, chantait, dansait, brodait, fabriquait des merveilles depuis des siècles.  Partout où la féérie russe a disparu dans le nord, elle a fait place au goulag soviétique.  Quand on vient chercher ici l’union soviétique, on la trouve, elle est partout, on peut même ne voir que cela et décréter que l’amour du passé n’est pas dans cette culture  qui s’est bâtie en détruisant méthodiquement la culture précédente, afin que les cerveaux lavés des prolétaires habillés d’oripeaux minables et parqués dans le béton, avec leurs meubles de contreplaqué poli, ne conservent aucun souvenir, aucune allusion à autre chose qui pourrait leur laisser penser que la beauté existe encore en ce bas monde. C’est pourquoi maintenant tout est si hideux en Russie, et le nouveau mensonge, qui permet de continuer à ravager ce qui subsiste, c’est « qu’en Russie, il en a toujours été ainsi ». Comme si l’Union Soviétique n’avait pas cent ans, mais mille ans. Or il est vrai que ces cent ans de malheur ont si profondément détruit le pays qu’on pourrait penser qu’il n’a jamais existé. Et les touristes européens ne font pas le voyage pour aller voir les traces de la culture de Magadan ou de Vorkhouta, qu'elle s'exprime ou non dans les versions luxe pour ex-apparatchiks friqués…
Moi, je suis venue chercher la sainte Russie, et on la trouve encore, au milieu du désastre, beaucoup de Russes la cherchent et la veillent avec autant d'amour que moi. Quand on vit ici en sainte Russie, on voit naturellement les traces omniprésentes de l’Union Soviétique et le libéralisme qu’elle a si admirablement préparé. Mais cela ne nous concerne pas, cela nous est extérieur. Cela nous blesse, bien sûr, mais cela nous reste extérieur.
Les époques, en Russie actuelle, se bousculent, certains vivent, comme mon communiste, en Union soviétique, d'autres dans l'empire russe du XIX° siècle, d'autres en sainte Russie, dans la ville invisible de Kitej, ce qui est mon cas.
En sortant de la cathédrale, ce matin, j’ai vu qu’on avait installé trois baraques de bois qui gâchent toute la place. Mais elles permettent de vendre aux touristes venus voir les églises du centre, fortement délabrées et qu’on ne réparerait pour rien au monde, les affreux « souvenirs » pseudo russes qui iront se couvrir de poussière dans les clapiers des quartiers périphériques de Moscou.
Pendant l’office, j’avais envie de pleurer, sur mes péchés, ma faiblesse et sur le tour épouvantable que prend le monde. Evidemment, je ne comprenais rien. Je me suis rendu compte au moment du sermon qu’on avait lu l’évangile de Zacchée, qui ouvre le temps de préparation au carême,  si vite, et de façon si confuse que je n'avais saisi que deux ou trois mots. Mais j’étais quand même soulagée d’être là, car les manœuvres du Phanar sont de plus en plus inquiétantes et révoltantes. La persécution s’amplifie en Ukraine, où une équipe de mafieux à double ou triple passeport  se déchaîne contre les vrais habitants du pays, en tous points conformes à leurs dignes ancêtres de l’empire des tsars, fidèles à leur foi, à leur pasteur, et soumis aux mêmes exactions que les chrétiens orthodoxes des années 20 et 30. Parallèlement, il s’agit maintenant, pour le patriarche félon et ses patrons américains, de casser l’unité du mont Athos, et de venir à bout de cette sainte montagne qui continuait à défier l’Europe et le Nouvel Ordre Mondial dont elle est le laboratoire…
Mais beaucoup de crétins orthodoxes occidentaux ne discernent pas la manœuvre. Ils restent hypnotisés par le fantôme du KGB et répètent leurs incantations comme des disques rayés.
C’était aussi la fête des nouveaux martyrs de Russie, qui sont légions, et beaucoup n’ont pas encore été identifiés. Je pensais à leur destin terrible et au prolongement de tout cela en Ukraine, et peut être demain ailleurs, partout… que Dieu nous vienne en aide.




2 commentaires:

  1. Je vous retrouve, la Russie n'a été appelée Sainte Russie pour rien, elle sauvera le monde Soyez heureuse la ou vous êtes et de ne pas vivre les horreurs de la France. Le chaos s'y est installé par la force de la judeo maçonnerie, ''ils '' ne gagnerons pas Dieu attend son heure.

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    1. Merci, je pense en effet que la sainte Russie sauvera le monde et que ce feu sacré prend en Ukraine, qu'on a voulu artificiellement détacher d'elle, ce qui n'est pas non plus un hasard. Et donc, même si des choses me dérangent ou me choquent, je pense être à ma place, et par là même être peut-être aussi utile à la France.

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