le monastère saint Nicétas aujourd'hui |
Je ne suis pas allée à Moscou, comme je le projetais, pour cause de conditions atmosphériques. Il a beaucoup neigé. Ma voiture s’est plantée dans une congère, c’est le voisin Alexandre qui m’a tirée de là. Du coup, j’ai assisté au concert auquel Pacha Morozov m’invitait avec une insistance déplacée, parce que je n’ai pas l’intention de participer à ce genre de choses de façon systématique. C’était une Assyrienne née à Marseille qui chante le répertoire d’Edith Piaf et de Dalida. Elle ne chante pas mal, mais Edith Piaf est inimitable, et ses chansons valaient surtout par l’interprétation qu’elle en donnait. Chantées par une Assyrienne avec l’accent russe, c’était plutôt bizarre, et elle était intarissable. Cependant, cela m’émouvait, sa petite enfance à Marseille restait pour elle un souvenir enchanté dans la sombre Union soviétique où ses parents, croyant déménager en Russie, étaient allés vivre... Moi-même, dans mon nord lointain, où pourtant je me plais, et cette époque crépusculaire dystopique, j’avais la larme à l’oeil en écoutant tout cela. Je pensais à la mère Mondant, faisant le ménage à l’hôtel et chantant à tue tête « non, rien de rien... » et le bruit de ses claquettes dans l’escalier réveillait tous ceux qui auraient eu l’intention de dormir plus que de raison. Je pensais aux fêtes foraines, à ces années insouciantes, à leur optimisme imbécile, à leur vulgarité joyeuse, et à mes proches qui étaient alors tous en vie.
Je déneige chaque jour, la ville en revanche,
ne nettoie que la « trace », la route qui va à Iaroslavl. Je suis
sûre qu’à Moscou, les trottoirs sont bordés de congères qui rendent encore plus
difficile de trouver une place...
Alors que je déneigeais, la femme de mon
sauveur Alexandre est venue me demander si je prendrais un chien de sa chienne.
«Pourquoi, on vous les retient déjà tous ?
- Non, non, au contraire, c’est une catastrophe,
personne n’en veut ! J’essaie d’en caser un à Nadia pour ses
chèvres ; ils sont faits pour ça, ces chiens. Et sinon, il ne me restera
plus qu’à les proposer au marché... Ils sont très intelligents, et cette petite
chienne dont je vous ai parlé, elle est douce, tranquille, plus petite que les
autres, si vous essayez de l’adopter, je vous garantis que je vous la
reprendrai si cela se passe mal. »
Les proposer sur Avito, ce n’était déjà pas
génial ; ils risquaient de tomber sur n’importe qui, mais alors au
marché...encore une portée dont les chiens finiront au mieux attachés dans une
cour, au pire jetés au bord d’une route, à la merci des chauffards, des
sadiques, affamés, terrifiés. Et il y en a tellement dans le même cas. Je suis
pour la stérilisation systématique.
En effet, ce sont des chiens très intelligents, des patous, faits pour garder les moutons dans la montagne. Il se trouve un imbécile d’éleveur pour les proposer à la vente ici, où, au bout d'une chaîne, ils ne garderont jamais rien que des cours pleines de voitures.
Je vais en parler aux malheureux bénévoles de
Pereslavl, submergés de chiens, de chats, de chatons et de chiots abandonnés et
maltraités... Nous sommes avec nos "frères cadets" si confiants en nous, si décidés à nous aimer quoiqu'il arrive, d'une telle méchanceté, d'une telle vilenie et d'une telle irresponsabilité que je ne sais comment la terre (et le ciel) nous supportent.
A la suite de la covid, je perds mes cheveux,
je n’en ai jamais eu aussi peu. Comme j’avais une vraie tignasse, je ne suis
pas encore chauve. J’ai décidé de les couper. Le problème est de trouver le
coiffeur correspondant à ce pas dangereux. Albert est à Moscou, et les deux
dernières fois où je l’ai vu, il avait un peu perdu, sinon la main, du moins
l’oeil.
J'ai emmené Nil acheter pour un prix dérisoire un équipement ski de fond, car après le SPA, nous allons tenter l'aventure, avec Katia. Puis je suis allée récupérer mes irremplaçables bottes finlandaises chez le cordonnier et acheter un jeans dans ma boutique à minettes. J'ai attendu des heures qu'une cabine d'essayage ne se libérât, une famille orientale occupait tout le magasin et essayait tout, sans rien acheter. J'ai eu de la chance, le premier jeans dans lequel je me suis glissée était le bon.
Antipresse propose un article sur la Russie
qui n’est pas encourageant. Il est écrit par un américain venu trouver asile dans l'arche russe, et plutôt inquiet de voir qu'elle prend l'eau. Il fait une observation qui recoupe les témoignages que j'ai cités il n'y a pas très longtemps et aussi le mien:
Cela ne veut pas dire que les gens ne sont pas
tombés gravement malades. Moscou a connu un pic inquiétant d’hospitalisations
liées au Covid en juin et début juillet. Mais comme le département de la santé
de la ville l’a discrètement reconnu, l’augmentation du nombre de lits occupés
en excès était en grande partie due à des infections nosocomiales — des
patients hospitalisés pour d’autres raisons qui ont ensuite été testés positifs
au coronavirus. En réalité, le service Covid le plus connu de Moscou était
autrefois décrit comme un foyer de surinfections à transmission hospitalière.
Denis Protsenko, qui supervise la «zone rouge» de l’hôpital Kommunarka de
Moscou, a reconnu à l’automne 2020 qu’un très grand nombre de décès dus au
«Covid» étaient en fait causés par une septicémie résultant d’infections transmises
par l’hôpital.
Il établit aussi de façon très claire les collusions entre les personnages impliqués dans la promotion active des mesures covid répressives et de la vaccination forcée avec l'OMS et le Big Pharma américain, ce qui fait penser à un coup d'état sournois. Mais apparemment, Poutine ne s'oppose pas à ce qui se passe, et même mes cosaques en sont désenchantés. Cela dit, je compte toujours sur la résistance des Russes, et sur l'immense bordel de leur administration, ainsi que sur sa corruption qui a parfois des effets contraires à ceux qu'on pourrait attendre. Et cela d'autant plus qu'à l'ouest, dans l'asile de fous que sont devenus nos pays, il est quand même de plus en plus difficile de masquer la nudité des rois, même si les gens sont particulièrement aveugles.
J'ai vu aussi que le patriarche Cyrille condamnait avec prudence les QR codes et la discrimination introduite par cet outil de marquage et d'oppression absolument scandaleux. Cela compense un peu les déclarations du métropolite Hilarion...