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jeudi 5 octobre 2023

Commissaire du peuple - народный комиссар

 



  Quelqu'un m’est tombé dessus, sur le fil de commentaires de Natacha, qui présentait mes chroniques de l’année 17. J’avais entendu parler de cette jeune femme, appelons-la Olga, malheureusement, elle habite Pereslavl, et je risque de la croiser un de ces jours. En écrivant Yarilo, j’ai empiété sur son territoire de chasse, soit la réhabilitation complète des Basmanov, qui étaient de magnifiques héros abominablement calomniés, elle en est sûre. Et pour cette raison, se montre fort critique envers l’Eglise orthodoxe, qui, dès l’époque où ils ont vécu, n’était pas du tout de cet avis, puisque le métropolite Philippe, qu’ils ont arrêté ensemble, avait refusé sa bénédiction au tsar et à l’Opritchnina dont ils faisaient partie. Les propos insultants et de mauvaise foi de cette personne ne laissent aucune possibilité de discussion normale. Et côté Natacha, le  soutien que j’ai eu, c’est « si Laurence comprenait que son livre pouvait corrompre la jeunesse, je suis sûre qu’elle le réécrirait ». Ou «Laurence est une vraie Française, c’est la mentalité occidentale », « la Russie est vraiment pour elle une autre planète ». « J’attends avec impatience le résultat de vos recherches et leur publication et organiserais volontiers un débat brûlant entre vous et Laurence ». Ce à quoi j’ai répondu que je n’étais pas d’accord et n’avais pas à me justifier devant un commissaire du peuple qui me ferait un procès. Après que j’ai parlé de ma présentation à Alexandrov et des compliments qu’on m’y a faits sur la qualité de ma documentation et l’amour que j’avais porté à la Russie et à mes personnages, elle a pour l'instant lâché l’affaire.

  En réalité, je ne doute pas moi-même que les Basmanov fussent des "héros", des hommes de guerre courageux, et alors? Gilles de Rais aussi était un brave, et il a aimé et défendu Jeanne d'Arc, rien n'est jamais si simple. On peut être brave et cruel, brave et intrigant. Sanguinaire et idéaliste. J'ai toujours à l'esprit la phrase de Dostoievski, à propos du père Karamazov, auquel il est difficile de trouver quelque chose de sympathique: "Il était méchant et sentimental". Que le père Basmanov eût été un bourreau d'enfant, c'est chez moi une hypothèse romanesque et psychologique, car je n'en suis absolument pas sûre. Mais j'ai lu en plusieurs endroits que le père et le fils ne pouvaient pas se voir en peinture, j'en ai conclu qu'il pouvait y avoir des raisons. Il y en avait dans la logique de mon roman, qui est un roman, et pas un ouvrage historique.

  Olga m’accuse, outre de salir ses idoles, et de faire l’apologie de l’homosexualité auprès de la jeunesse innocente de son pays, de glaner ma documentation dans les mangas et les poubelles d’internet, ce qui est si injuste et fantasmagorique que je ne sais même que dire. Loin de faire l'apologie de l'homosexualité, je célèbre l'amour conjugual salvateur et la famille, c'est un hymne à l'amour entre époux.

  Cependant, une amie orthodoxe, au vu de nos échanges, m'a envoyé la lettre suivante:

  Chère Laurence, c’est vraiment pour vous le baptême du feu et de la tentation, lié à la sortie du livre, l’achèvement du roman ! Surtout, gardez la paix intérieure, bien que ce soit difficile. On sent chez Olga une intolérance délibérée aux avis différents. On pourrait se réjouir d’une telle certitude dans la pureté de Fiodor, si elle distinguait la vraie calomnie de la colère, ou l'inclination pour la luxure de la supposition que le péché est possible et que le surmonter conduit au salut. Mais son problème consiste précisément en ce que, comme elle l’exprime elle-même dans ces commentaires, sa conscience ne lui permet pas de reconnaître l’orthodoxie, et de cette manière, elle se coupe tragiquement la voie de la compréhension de l’âme russe (et pas seulement russe), de la sainteté et du salut. Elle ne fait pas la différence entre la diffamation et la vie d’un pécheur. Comment comprendre Sonetchka Marmeladov si on ne comprend pas le saint brigand ?

Dans ma perception des choses, un Russe qui n’est pas orthodoxe n’est pas tout à fait russe, même s’il est très bon, et patriote. Justement parce que son coeur ne s'épuise pas, ne fond pas de la lamentation de repentir du pécheur, de la prière du saint, de la recherche de la ville invisible de Kitej autour de lui et en lui.

Il y a un merveilleux saint nordique, Tryphon de Petchenga, il a fondé un monastère sur la presqu’île de Kola, il est allé avec saint Théodorit de Kola trouver Ivan le Terrible, et avant cela, alors que leurs corps arrivaient à Moscou, ils apparurent en esprit au tsar et s’entretinrent avec lui. Or dans une rédaction tardive de sa vie, (il fut un temps où les vies des saints devaient toutes rendre un son pieux), il est dit qu’il avait des parents dévôts, qu’il était un enfant en dehors de ce monde... et tout dans le même style. Comment pouvait-il en être autrement !

Or en fait, c’était un brigand sauvage et un assassin. Tant qu’il ne se fut pas repenti.  Avec force et inspiration. Sa vie ultérieure étonnante et et sa mort sont liées à ce rachat du péché. Le métropolite Mitrophane Badanine en parle dans ses livres. 

Il m'effleure maintenant l’esprit que tout vient à temps et ce n’est pas un hasard. Votre livre peut être nécessaire précisément à notre époque de LGBT déchaîné ! Olga redoute une mauvaise influence sur la jeunesse. Mais la jeunesse qui manque de finesse ne lit pas, et un jeune qui pense et ressent discerne la lumière des ténèbres, et donc votre livre est nécessaire. Et la question n’est pas dans la vérité historique. D’ailleurs, l’image de Fiodor sodomite est déjà bien établie dans l’Histoire, qu’il l’eut ou non vraiment été, et en conséquence, il faut travailler non seulement sur le vrai Fiodor historique mais sur cette image qui vit depuis longtemps sa propre vie. Vous avez donné à cette image le repentir, vous l’avez conduite à Dieu et au salut. C’est votre apport à la lutte contre la sodomie contemporaine.

Pourquoi me vient-il à l’esprit que c’est vous qui avez raison et pas Olga? Non seulement par la vertu de ma profonde affection pour vous, mais parce que vous êtes orthodoxe, vous communiez, et elle, non. C’est plutôt par vous que Dieu accomplit sa volonté !  Et la colère ne porte pas la justice de Dieu. J’espère que le Seigneur dirrigera nos chemins, et celui d'Olga, vers le bien et le salut. 

Dans les chroniques médiévales, russe veut dire orthodoxe.

Voilà la question : qui est le plus russe, un Français orthodoxe ou un Russe ésotérique ?

  Je garde précieusement cette lettre, car ce n’est pas la dernière fois que j’ai affaire à ce genre de problèmes, entre ceux qui voient en Ivan le Terrible un précurseur de Staline, ceux qui en font un saint, et toute la cohorte des filles (et des garçons) que fascine le beau Fiodor. Il est dommage que Natacha, poétesse orthodoxe, n'ait opposé à celle-ci que ma qualité de « vraie Française » à la « mentalité occidentale », au lieu d'une réponse de cette élévation et de cette pénétration. Si j’avais été tant que ça l’occidentale typique, je ne serais pas venue ici, sur « l’autre planète », et je ne me serais pas hasardée à écrire sur un sujet pareil. Mais si je reste par certains côtés bien française, par d’autres, je suis peut-être plus russe que beaucoup de Russes, comme le voit cette amie. C’est d’ailleurs pour cette raison que je me suis si fort intéressée au tsar Ivan et à son serviteur Fiodor, dont les âmes ont davantage besoin de salut que des justifications de gens qui les rejoignent dans ce qui les a perdus, par leur injustice expéditive et leur compréhension binaire des autres et d'eux-mêmes, symptômes infaillibles d'une mentalité totalitaire. C'est pour cela que je me suis permis de m'atteler à ce roman, qui répondait à une nécessité intérieure profonde et qui, à travers les personnages impliqués, parle de la Russie, de la sainte Russie, et de ce qu'elle représente pour des étrangers comme moiь ou mon personnage anglais Arthur. Il est d'ailleurs remarquable que beaucoup de "fols-en-Christ" russes, et cette forme de sainteté est profondément typique de la Russie, aient été des étrangers, le père Andreï Tkatchev a même fait un sermon à ce sujet. Le père Valentin m'a dit que la plus grande qualité de mon livre était son exceptionnelle compréhension de l'âme russe.

J'ai été particulièrement sensible à l'évocation de la ville invisible de Kitej, dont je suis en quête depuis que j'ai connaissance de la civilisation russe. Cette évocation fait de cette amie pour moi une âme soeur, envoyée par Dieu pour guetter avec moi les oiseaux messagers qui nous proviennent de cette dimension, qu'Olga ne connaît pas mais dont le tsar et son serviteur Fiodor étaient très probablement nostalgiques, malgré tous leurs péchés, car eux étaient vraiment russes.

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                                                                                                                                                                      На меня кто-то напал, на ленте Наташи, которая представляла мои хроники, "Другая планета 17 год". Я уже услышала об этой девушке, назовем ее Ольга, к сожалению, она живет в Переславле и возможно я когда-то наткнусь на нее. Писавшая роман Ярило, я наступила на ее охотничью территорию, то есть полная реабилитация Басмановых, прекрасных оклеветанных героев, она в этом уверенна. По этому, она критически относится к Церкви, которая уже при жизни этих самых не разделила ее взгляды, так как святой митрополит Филипп, которого они арестовали вместе, отказал свое благословение и Царю и делу Опричнины, к которому они были причастны.

Оскорбительные соображения по поводу меня и моего творчества не оставляют никакой возможности нормальному разговору. Со стороны Наташи, поддержка такая: "Если Лоранс знала, что ее книга могла извращать молодежь, она бы ее переписала." Или: " Лоранс же настоящая Француженка, западный человек", " Россия действительно для нее другая планета". "Я жду с нетерпением результат Ваших исследований и их публикацию, чтобы устроить между вами горячую беседу". К этому я ответила, что мне это не нужно и что не хотела оправдываться перед народным комиссаром устраивая на меня свой суд. После того как я сказала про презентацию в Александрове и мнение сотрудников музея по поводу моего знания об эпохе и тогдашнем быту, и мою любовь к России и к своим персонажам, она вроде пока меня опустила. 

В самом деле я и не сомневаюсь, что Басмановы "герои", храбрые воеводы, ну и что? Жиль де Рэ тоже храбрый, он любил и защищал Жанну Дарк, ничто никогда не так просто... Можно быть храбрый и жестокий, храбрый и хитрый, кровавый идеалист... У меня всегда на уме слово Достоевского по поводу отца Карамазова, которого трудно считать положительным: "Он был злой и сентиментален". Что Басманов отец был мучителем своего ребенка, я в этом совсем не уверенна, это у меня предположение литературное и психологическое. Но я читала  в разных книгах, что они друг друга не могли переварить, от чего заключила, что были причины. Были такие причины в логике моего романа, который художественный роман, а не историческая работа. 

Ольга помимо того, что обливаю грязью его кумиров, меня обвиняет в том, что я рекламирую гомосексуализм перед невинной молодежи ее страны, в том, что я собираю свои информации в мангах, комиксах и интернетском мусоре. Это мне кажется до такой степени несправедливо и фантасмагорическое, что даже не знаю, что сказать. Скорее чем гомосексуализм, я тут прославляю спасительную супружескую любовь и семью. Это гимн любви между супругами.

Однако, при чтении этого обмена комментариев, православная подруга мне пишет:

Дорогая Лоранс, у Вас прямо боевое крещение - искушение, связанное с выходом книги, с завершением романа! Главное, сохраните мир в душе, хотя это и тяжело. У Олги сразу звучит нарочитая нетерпимость к инакомыслию. Можно было бы порадоваться такой ее уверенности в непорочности Фёдора, если бы она различала действительную клевету со злостью или сладострастием от предположения, что грех возможен и преодоление его ведёт к спасению. Но проблема её заключается именно в том, что как она сама выразилась в тех комментариях, принять Православие ей совесть не позволяет - таким образом она трагически обрубает сама себе путь к пониманию русской (и не только русской) святости и спасению. Не чувствует разницу между пасквилем и житием грешника. Как понять Сонечку Мармеладову, не понимая благоразумного разбойника?

По моему ощущению не православный русский - это не совсем русский, даже если хороший очень и патриот. Именно потому что не изнемогает, не тает его сердце от покаянного плача грешника, от молитв святого, от поиска града Китежа вовне и в себе.

Есть дивный северный святой Трифон Печенгский, основал монастырь на Кольском полуострове, он ходил со св. Феодоритом Кольским к Ивану Грозному и еще до того, как телом они пришли в Москву, они духом явились Царю и беседовали с ним. Так вот в поздней редакции его жития (было время, когда житии подгонялись под благочестивое звучание) сказано, что он родился от благочестивых родителей, был не от мира сего ребенком... и всё в таком духе. Ну как же иначе!

А на самом деле он был диким разбойником и убийцей. Пока не покаялся. Сильно и вдохновенно. И удивительная дальнейшая жизнь и смерть его связана с этим искуплением греха. Об этом пишет митрополит Митрофан Баданин в своих книгах.

Сейчас пришла мысль - ведь всё вовремя и не случайно. Ваша книга может быть именно в наше время озверевшего лгбт и нужна! Ольга боится за плохое влияние на молодёжь. Но не чуткая молодежь книг не читает, а думающий и чувствующий вьюнош различит свет и тьму, значит Ваша книга очень нужна! И дело тут не в исторической достоверности. И, кстати, образ Федора содомита уже прочно обосновался в истории, не зависимо от того было это или нет, и, получается, что нужна работа не только с реальным историческим Фёдором, но и с этим образом, который давно живёт уже своей жизнью. Вы дали этому образу покаяние, вывели его к Богу и спасению. Это Ваш вклад в борьбу и с современной содомией.

Почему думается, что правы Вы, а не Ольга? Не только из-за моего к Вам глубочайшего расположения, но и из-за того, что Вы Православная, Вы причащаетесь, а она - нет. Скорее Бог через Вас творит волю Свою! А гнев правды Божией не соделывает. Надеюсь, что Господь и наши пути управит, и Ольгины ко благу и спасению.

в летописях русский - это православный

вот вопрос: кто более русский - православный француз или эзотерический русский? 

Я бережно сохраняю это письмо, потому что не последний случай когда мне придется иметь дело с таким родом проблем, между теми, кто видит в Иване Грозном предшественника Сталина, теми, кто делает его святым, и целым рядом девушек (и мальчиков), очарованных красавцем Федором. Жаль, что Наташа, православная поэтесса, вместо ответа такой возвышенности и проникновения, противопоставила этому нападению лишь качество "истинной француженки" с "западным менталитетом". Если бы я была настолько типичным западным человеком, я бы не приехала сюда, на "другую планету", и не рискнула бы писать на такую тему. Если в чем-то осталась очень французской, то в других, как видит моя подруга, я более русской, чем многие русские. Именно по этой причине, меня так заинтересовал царь Иван и его слуга Федор, души которых нуждаются больше в спасении, чем в оправданиях людей, присоединившихся к ним в том, что их погубило, своей скоротечной несправедливостью и бинарным пониманием других и самих себя, безошибочные симптомы тоталитарного склада ума. Вот почему я позволила себе взяться за этот роман, который откликнулся на глубокую внутреннюю потребность и который, через действующих лиц, говорит о России, о святой Руси и о том, что она представляет для таких иностранцев, как мой английский герой Артур.  Примечательно также, что многие русские юродивые, а такая форма святости глубоко характерна для России, были иностранцами; отец Андрей Ткачев даже произнес проповедь на эту тему. Отец Валентин мне сказал, что величайшим достоинством моей книги является исключительное понимание русской души. 

Особенно меня тронуло упоминание о невидимом городе Китеже, который я ищу с тех пор, как узнала о русской цивилизации. Это обращение делает эту подругу мне родственной душой, посланной Богом, чтобы вместе со мной наблюдать за птицами-посланниками, прилетевшими к  нам из этого измерения, о котором Ольга наверно не знает, но по которому, весьма вероятно, тосковали царь и его слуга Федор, несмотря на все их грехи, потому что они были истинно русские.

 


                                                                                                                                                                                                                                              

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