Les cosaques et le Saint Esprit

cosaques par Caran d'Ache

 Hier, le carême m'a poussée à faire de l'archéologie dans mes bocaux, et j'ai trouvé de la menthe que j'avais fait sécher. Quelle odeur, quand j'ai retiré le couvercle, quel merveilleux concentré d'été, et dire que dans deux mois, cette menthe sera de retour, buissonnante et parfumée, avec sans doute aussi la mélisse de Nadia la chevrière!

On a une vague de froid, sans doute la dernière, mais beaucoup de soleil. J'attends le printemps, j'attends les cosaques et le Saint-Esprit, une vieille tradition française! Les Russes à qui je confie mes inquiétudes, me répondent: "Ne vous en faites pas, tout ira bien", не переживайте, все будет хорошо, la réponse typique que tout le monde vous sort, des artisans aux médecins en passant par les coiffeurs et les fonctionnaires. Et en effet, il me semble que ce sera le cas. 

Je suis passée sur vkontakte, repassée, plutôt, car ce fut mon premier réseau social, c'est le père Basile qui m'avait entrainée dans ce piège qu'est Facebook, ce trou noir pour les âmes! Et le père Basile aussi, est passé sur vkontkate. C'est sûr qu'on y respire beaucoup mieux. Mais voilà qu'une Française m'écrit qu'on va fermer vkontakte. Cela m'étonnerait. A moins qu'on n'en coupe l'accès aux occidentaux. Ce serait regrettable pour ceux qui y cherchent un autre son de cloche. Et pour les occidentaux qui sont ici et gardent des proches là bas. 

Sur ce même vkontakte, je suis tombée sur une vidéo où notre père Pantaleimon parle des lectures de l'Apocalypse organisées dans l'église de son monastère, laquelle fut édifiée en l'honneur de la naissance d'Ivan le Terrible et décorée de fresques du XVII° siècle comportant un majestueux Jugement Dernier. Le père Pantaleimon dit au journaliste qui l'interroge sur les bouleversements actuels et ce qu'ils pourraient annoncer: " On ne sait ni le jour ni l'heure. Gloire au Seigneur Sabbaoth qui était, qui est et qui vient. Quand on vit à Pereslavl, on a l'impression d'être au paradis, on se trouve sous une tendre protection qui paraît nous garder de tout, et cela est décuplé quand on habite dans notre monastère. C'est pourquoi j'essaie de ne pas me laisser aller à la panique".

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Et en effet, malgré toutes ses hideuses verrues et cicatrices contemporaines, Pereslavl garde un peu de la grâce que je lui ai connue, et cela est dû à ses nombreux saints, à ses nombreuses églises, à sa vie spirituelle qui reste intense et paisible, à l'esprit du lac, aux nuages mystiques qu'il déploie au dessus de nous.

Pour ce qui est des cosaques, j'ai ceux de Pereslavl, j'ai mes vieux cosaques de Moscou, et pour ce qui est du Saint-Esprit, eh bien j'ai nettement l'impression de me trouver à l'une des sources de son effusion en notre monde. Je n'ai donc plus grand chose à attendre, en fait, et pourtant, je me trouve dans un état d'expectation joyeuse, pascale. Le père Pantaleimon dit: "L'Apocalypse ne parle pas de terreur ni de tristesse, l'Apocalypse nous parle de révélation". Eh bien je me sens dans l'attente, au delà des cosaques et dans le Saint Esprit, de la Révélation.